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Logistique : alerte rouge sur les palettes

La guerre en Ukraine, les sanctions contre la Russie et la flambée des coûts de fabrication ont créé une très grande tension sur le marché européen des palettes en bois, indispensables à la manutention des marchandises. Un souci logistique de plus pour les grands distributeurs.

L'Ukraine, la Russie et la Biélorussie fournissent d'ordinaire à certains pays européens 25 % du bois résineux nécessaire à la fabrication des palettes.
L'Ukraine, la Russie et la Biélorussie fournissent d'ordinaire à certains pays européens 25 % du bois résineux nécessaire à la fabrication des palettes. (Shutterstock)

Par Denis Fainsilber

Publié le 14 avr. 2022 à 17:30Mis à jour le 14 avr. 2022 à 17:32

La guerre en Ukraine a fait une nouvelle victime collatérale en Europe : le marché des palettes en bois, ces indispensables auxiliaires de manutention et de stockage servant aussi bien dans les entrepôts des géants de l'e-commerce que dans la distribution de denrées alimentaires. Depuis plusieurs semaines, cette activité, qui fonctionnait déjà sous pression, s'est encore très sensiblement tendue sous l'effet de plusieurs facteurs : pénurie de bois , inflation des coûts de fabrication et raréfaction des producteurs.

« En quelques mois, le prix de la palette unitaire est passé de 7 à 29 euros. Elles sont de plus en plus difficiles à trouver et de plus en plus onéreuses à produire dans un contexte d'explosion du coût des matières premières et en particulier du prix du bois », s'alarme La Chaîne logistique du Froid, une association réunissant 120 entreprises de transport et d'entreposage de produits frais et surgelés, l'un des multiples secteurs comptant sur ces assemblages de résineux.

L'Ukraine, un gros producteur

Déjà les palettes, réutilisables pendant plusieurs années, avaient vu leur coût grimper de 40 % en 2021, selon le site Transportissimo. Le conflit entamé par l'armée russe fin février n'a rien arrangé : l'Ukraine, pays producteur pour l'Europe, a vu ses ateliers stoppés, comme ses exportations, créant une pénurie de produits neufs . De plus, les sanctions envers la Russie et la Biélorussie empêchent l'export de bois de ces pays frères vers les usines du Vieux Continent. D'ordinaire, certains pays européens se procurent jusqu'à 25 % de leur bois de palettes et d'emballage auprès des trois pays impliqués dans le conflit.

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Cette guerre « aura un impact à long terme sur le marché des palettes », prédit déjà EPAL, l'association européenne qui pilote ce marché, notamment sur les normes qualité. En 2021, pas moins de 600 millions de palettes étaient en circulation en Europe, dans les camions ou entrepôts, servant à acheminer les marchandises les plus diverses. La France en produit à elle seule plus de 50 millions par an, à côté des réparateurs et reconditionneurs qui font durer l'existant.

Optimiser la circulation des palettes

Dans un contexte aussi tendu, qui menace les chaînes d'approvisionnement, la question de la fluidité des produits devient essentielle. Pour l'instant, « le manque d'optimisation, la casse ou la perte, le temps de rétention trop long des palettes par certains acteurs pénalisent l'équilibre de la filière dans un contexte de raréfaction de la palette », poursuit la Chaîne Logistique du Froid, qui cherche à optimiser leur rotation.

Avant même le conflit, les initiatives ne manquaient pas pour mutualiser, digitaliser et optimiser la relocalisation de ces précieux supports, échangés par tous les acteurs de la logistique. Des start-up se sont créées pour limiter les surcoûts des transports de palettes vides entre transporteurs et chargeurs. A l'instar du montpelliérain MagicPallet, qui a signé avec des grands distributeurs tels que Castorama , l'aidant au verdissement de sa supply chain.

« Concrètement, les palettes disponibles sont localisées en temps réel sur tout le territoire via une plateforme en ligne, qui met en relation les différents acteurs de la communauté MagicPallet. L'algorithme leur permet ainsi d'échanger, de vendre ou d'acheter des palettes au lieu et moment souhaités, sans supporter le coût d'acheminement à vide vers leur point de départ », détaillaient les deux sociétés fin novembre, sans se douter de l'ampleur de la pénurie à venir.

Denis Fainsilber

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