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De l'architecture gracieuse : La médiathèque Charles Nègre, à Grasse

La médiathèque Charles-Nègre à Grasse reçoit le 40ème prix de l'Equerre d'argent en 2022. Conçu par les architectes Lauren et Emmanuelle Beaudouin et Ivry Serres, nous fait voyager hors du temps.

D'une manière aussi unique qu'audacieuse, le bâtiment s'insère dans un tissus compliqué. Entre les strates de cette ville méditerranéenne construite à flanc de colline, il se dévoile comme un coup de théâtre, discret mais rayonnant, au détour des ruelles ombragées : un volume sculptural dédoublé, asymétrique, drapé d’un rideau de fines colonnes dont la blancheur vient réveiller les couleurs chaudes des immeubles alentour.

Greffée sur le corps de ce qui était auparavant un immeuble d’habitation, le bâtiment s’élève des ruelles en contrebas pour se projeter, au-dessus de l’entrée principale, en un grand porte-à-faux qui crée l’illusion d’un volume en suspension. Les dimensions paraissent millimétrées, les volumes viennent s'insérer à la perfection dans ce tissus dense.

Volumes qui se dessinent par ailleurs sous la lumière, séparant clairement les pleins et les vides. Rien à l’extérieur n’indique la nature du lieu, pas même la grande ouverture décentrée qui perce la façade. Il y a là quelque chose d’intrigant. Un petit mystère qui se dissipe à la nuit tombée, quand le bâtiment, éclairé depuis l’intérieur, diffuse sur le quartier un halo enchanteur.

La double peau inventée par les architectes marque une écriture intemporelle et une poésie folle qui recompose l’espace urbain autour du bâtiment, un peu à la manière d’une place italienne. La colonne est une écriture ancienne, sans age. Elle rend le bâtiment opaque de l'extérieur, et permet de filtrée la lumière pour offrir des espaces paisibles et agréables à l'intérieur. Dedans, la lumière est là, sans jamais éblouir.

A l'intérieur, le béton règne. Il y à comme une volonté de révéler la vérité structurelle du bâtiment, son squelette. Les voûtes permettent de porter sur de longues distances, libérant les espaces nécessaires au bon fonctionnement du bâtiment. Mais elles apportent aussi de l'élégance et de l'intemporel. Savant mélange que d'associer la technique à la grace.

Au final, lors de la visite de ce bâtiment à son inauguration, j'ai trouvé quelque chose de l'ordre du spirituel. Une ballade contemplative, un parcours qui nous guide, qui nous invite à découvrir l'architecture, à la manière d'un temple ou d'une église. Un lieu presque sacré.

J'espère que la lecture t'a plu. Si tu souhaites découvrir davantage de projets comme celui-ci, je t'invite à rester connecté pour la prochaine newsletter.

Bonne journée à toi,

Adrien Guitard