PILGRIMYSTIC POST n°20

"C'est juste une intuition"

Jeudi 2 mai 2024

Avant-propos :

Le 19 avril dernier, deux ans après l'absence de publication d'articles sur mon blog, j'ai eu envie d'en écrire un, et je tenais à vous le partager, n'hésitez pas à me faire vos retours, et à visiter le blog, si d'aventure cela vous intéresse.

Bonne lecture !

Cessation d'(in)activité

L'ennui n'est qu'une façade, il cache la genèse d'un aboutissement promis, qui se fait hélas, encore attendre.

Chers amis,

 

Aujourd’hui j’avais envie de vous parler de l’intuition.

 

Notamment de l’opposition franche, mais manifestement paradoxale à première vue, entre son acception dans le langage courant d’une part, et l’empirisme vers lequel sa théorie mène bien souvent, d’autre part.

 

Pour faire simple, je vais recourir à des illustrations de ce paradoxe.

 

Il m’est souvent arrivé de qualifier certains phénomènes, certaines expériences de contre-intuitifs, pensant alors que l’intuition était synonyme de spontanéité et de naturel.

 

Et pour cause, alors que je voulais faire un feu de manière « intuitive », spontanée et naturelle, je cumulais dans l’âtre de la cheminée, le petit bois, les boules de papier journal, au-dessus desquelles j'accumulais les grosses bûches, puis j'allumais le feu par le bas, en initiant les flammes dans le papier, puis vers le petit bois, le tout en soufflant sur les braises pour que ça prenne : simple, basique, efficace, et logique, me direz-vous…

 

Sauf, qu’allumer un feu de cette façon est effectivement, et probablement, la façon la plus courante, « normale » oserai-je même (stricto sensu, dans la norme), de procéder…

 

Cependant, voulant améliorer la technique, éviter les fumées et l’encrassement de l’insert, je me renseigne sur le net, je découvre la méthode d’allumage intitulée « top down », en effet, cette méthode d’allumage de feu consiste à faire exactement l’inverse de la méthode traditionnelle, à savoir mettre en haut le petit bois et la braise initiatrice, puis au dessous les grosses bûches.

 

Illico j’essaye, et ça fonctionne, évidemment, comme toute technique, celle-ci demande un peu d’entraînement, mais je peux vous garantir avec cette méthode contre-intuitive, que vous aurez un feu propre et de bien meilleure qualité et durabilité !

 

 

illustration d'un feu avec la méthode "top down"

https://www.firewood-for-life.com/top-down-fire.html

Et si finalement plus que du contre-intuitif, il s’agissait de différent, d’inhabituel, de nouveau, d'anormal ?

Parce que concrètement qu’est ce que c’est que l’intuition ? Quelque chose d’inné, d’acquis ? Une sensation, une impression, donc un phénomène fondamentalement subjectif ?

 

Pour y répondre, chers amis, encore et toujours l’étymologie !

Voici un extrait du Gaffiot aux entrées intuitio et intuitus, ancêtres et origines latins de notre institution française :

 

 

On "voit" bien, et c’est peu de le dire, que l’intuition au sens premier, est liée à la vue, mais qu’elle admet un sens figuré : la considération, de l’égard pour quelque chose.

Quant au sens de intuitio, définissant notre intuition comme ayant un rapport non pas avec une simple image de quelque chose, mais par celle « réfléchie par un miroir »… je n’arrive pas à comprendre si cela désigne le reflet, donc l’image obtenue dans le miroir, ou bien s’il s’agit de l’image à l’origine de celle visible dans le miroir…

 

Quoiqu’il en soit, l’intuition désigne à chaque fois, une chose vue par un intermédiaire, un truchement…

 

L’évolution de la langue française moderne donne lieu à beaucoup d’emplois abusifs, peut-être que l’intuition en fait partie, car j’ai bien plus l’impression qu’elle prend aujourd’hui le sens d’impression, de sentiment, de sensation, de sixième sens (alors qu’il ne s’agissait que de celui de la vue a priori)…

 

Malgré tout, le fait que l’intuition soit associée avec la vue, m’oblige à croire dans l’exercice de ce processus intuitif, une forme de réplique de la perception des images dans la caverne, en référence à « l'allégorie de la caverne » chez Platon…

 

 

La Grotte de Platon, attribué à Michiel Coxcie, milieu du xvie siècle. Huile sur bois de peuplier. Musée de la Chartreuse, Douai.

Et c’est donc toujours a priori que l’intuition fait son œuvre, et toujours a posteriori d’une expérience qu’elle est validée ou non.

 

Enfin, toujours pour démontrer l’insécurité et l’injustice de l’intuition non empirique, un autre phénomène « contre-intuitif » et qui tout comme le premier à gagné rang de concept chez nos amis américains, dont la langue est si permissive en matière de néologismes, je vous propose une seconde illustration validée par ma propre expérience.

 

Alors que j’apprenais à faire du feu de manière efficace en 2020 dans ma grande maison normande, je m’exerçais également, physiquement, de manière très intense et très régulière (et un peu n'importe comment !).

 

L’activité physique plus ou moins intense (et majoritairement intense d’ailleurs), a toujours fait partie de mon quotidien. Au départ, et globalement, c’est pour des raisons nerveuses que je ressens le besoin de me dépenser physiquement, je considère qu’il faut un juste équilibre entre activité cérébrale « mentale » et activité « physique », et il se trouve que plus j’exerce l’un plus j’ai besoin d’exercer l’autre.

 

Longtemps, mis à part quelques périodes de vie où d’autres éléments sont venus contrarier cet équilibre élémentaire (et alimentaire !), j’ai pu constater que faire du sport (beaucoup de sport) donnait faim (proportionnellement faim), et ceci est d’une logique implacable.

 

Cependant, j’ai longtemps cru que je m’y prenais mal lorsque je pratiquais énormément de sport dans le but (non pas d’équilibrer une activité cérébrale intense), mais dans celui de brûler toujours plus de calories et donc de mincir…

 

J'étais donc témoin sur moi-même de ce phénomène, mais je commençais à l'observer de plus en plus sur autrui, et c’est là qu’il a pris toute sa validation, et sa dimension « contre-intuitive ».

 

En effet, on nous dit que pour maigrir, il faut faire du sport, c’est un adage, bien connu de nos services, un credo et une vérité évidente pour tout le monde, ou en tout cas une grande majorité…

 

Or… être en forme physiquement, en anglais : être « fit », ne rime pas nécessairement avec être mince !

Et pour cause, il semble « contre-intuitif » d’arrêter de pratiquer du sport pour maigrir…

Et c’est là que le génie américain m’a frappée : « I was fit but fat ! » pour les non-anglophones : « j’étais en forme physiquement, mais grasse », hum, que cette traduction n’est pas belle, mais au moins le sens y est !

 

Il a fallut, par deux fois ces deux dernières années, qu’à l’occasion de blessures qui m’empêchent totalement de pratiquer le sport comme à mon habitude, je constate cette contre-intuition à l’œuvre…

 

Évidemment, perdre du poids grâce à l’arrêt du sport consiste en une répartition différente des calories, et évidemment je ne mange pas de la même façon que lorsque je suis un entraînement sportif intensif, mais tout de même, à travers mes recherche sur les internets, j’ai constaté que beaucoup de personnes s’étaient fait la remarque.

 

Et voilà, comment en un milliers de mots, je suis parvenue à faire un lien solide entre faire du feu dans une cheminée, et maigrir en arrêtant son abonnement à la salle de sport 😅

 

La véritable conclusion de cette lettre, c’est que l’intuition n’est pas ce qu’on croit qu’elle est, que dans le langage courant, il s’agit plutôt d’un présupposé construit par la doxa, et donc quelque chose d’acquis. Et stricto sensu, hé bien on l’a vu, « c’est juste une illusion ! »

 

Je vous remercie pour votre lecture, n’hésitez pas à me répondre, ou m’écrire un petit mot ! Je lis et je réponds à tout le monde.

Je vous souhaite à tous un merveilleux Chemin.

Je vous souhaitant à tous, un merveilleux Chemin !

Que la Paix soit sur vous !

 

Habiba Hafsaoui-Hellégouarch

Si vous pensez que cette lettre peut plaire à quelqu'un, n'hésitez pas à la lui transférer.

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