Voici une histoire fictive inspirée de plusieurs cas vécus…
Monsieur Lavoie atteint de problèmes cognitifs refuse de se laver… Les proches insistent pour qu’on lui donne des médicaments afin qu’il accepte les soins d’assistance… Le personnel infirmier informe la famille que la situation n’est pas dangereuse pour le moment… Le personnel gère bien la situation selon les principes de la gestion du refus. De même, monsieur n’est pas « sale ». Il a les cheveux gras, sans plus. Il ne dégage aucune odeur. Monsieur Lavoie ne présente aucun signe de détresse psychologique, n’est pas dangereux pour lui ou autrui.
Malgré les explications du personnel infirmier, les proches font pression sur le personnel pour qu’un bain lui soit donné. Ils suggèrent fortement de donner des médicaments pour obtenir la collaboration de monsieur Lavoie… Les proches ne sont pas en mesure de tolérer les cheveux gras. Le personnel infirmier répète qu’il a mis en place un plan d’intervention et espère obtenir des résultats prochainement… La situation est tendue, mais le personnel infirmier garde le cap, car son approche est bien celle recommandée dans les guides de pratique.
Insatisfaits, les proches avisent le commissaire aux plaintes de la présence de « négligence ». Sans même voir le résident et rencontrer le personnel soignant, la direction exige que le bain soit donné. Le personnel était pourtant patient, tolérant, rigoureux dans son analyse de la situation et surtout très humaniste. Avec raison, les soignants ne considéraient pas qu’ils étaient rendus à l’étape de la contention chimique et de la contrainte physique.
On reproche souvent aux soignants des milieux d’hébergement d’avoir une approche centrée sur la tâche et non une approche centrée sur la personne. Or, dans cette situation fictive, les proches et la direction sont venus contrecarrer tous les efforts pour implanter une approche centrée sur la personne. Ce personnel sera certainement démotivé à l’avenir de faire les choses différemment… Il faut l’admettre, c’est beaucoup plus simple de donner des médicaments pour entraîner la sédation et imposer le bain. Mais, ce n’est pas ce qui est recommandé…
Dans cette situation, l’élément déclencheur fut le manque de connaissances des proches qui ont mis de la pression sur le personnel. Il s’en est suivi un effet domino. Il importe donc de ne pas négliger les proches dans le processus visant un usage optimal des médicaments chez les aînés. À ce sujet, il faut féliciter une équipe de chercheurs qui a créé ce document éducatif sur les antipsychotiques pour les utilisateurs et les proches.