Libérée, délivrée... Loin de là !

Après un été musical en demi-ton, quelles bonnes résolutions pour cette rentrée ?

Peut-être moins de stéréotypes de genre ? Des programmations et des médias qui écartent tout sexisme ou machisme, pour instituer une réelle égalité femmes-hommes ?

 

Une nécessité si l'on s'en réfère à plusieurs prestations scéniques de l'été (Estivales de Montpellier et fête de la musique à Toulouse et à Nice) diffusées le 12 août à la télévision, ainsi qu'au rapport accablant paru en août, portant sur les vidéos Youtube les plus vues...

Capture d'écran Culture Box - M Polora et ses "néo-clodettes"  - Fête de la Musique à Toulouse 

Quand la musique répand un discours masculiniste de propriété sexuelle sur les femmes

En juillet, sur la scène des Estivales de Montpellier, (série de concerts retransmis en août sur France Télévision) Black M a interprété "Beau-Frère" une chanson dont le clip a été massivement visionné sur Youtube.

Sous couvert de bienveillance, le rappeur né à Paris, cultive l'idée de la propriété matérielle du corps des femmes et du contrôle de leur vie affective et sexuelle par leurs frères...

 

 

Extraits de "Beau-frère" de Black M :

" A la base personne ne touche à ma sœur, tu sais, même avec un bouquet d'fleurs

T'as bien raison d'avoir des gouttes de sueurs... Quand je vois tes mocassins, j'ai du mal à la comprendre... On a des choses à échanger (hein) Elle nous a beaucoup parlé de toi, elle nous a dit que t'étais le bon, si tu merdes, y'a pas le choix, on va devoir te jeter d'un pont... Mais pas touche, Elle est pas encore à toi..."  

 

La production et le public particulièrement jeune qui dansait sur les rythmes festifs de ce refrain ont-ils perçu le sens réel de ces paroles et leur portée symbolique ? Cette chanson loin d'être anodine, donne du crédit au principe de domination des frères sur leurs sœurs et au delà, à l'idée selon laquelle une femme est un objet qui doit nécessairement appartenir à un homme  (père,  frère, mari, dieu). Cette dérive "fraternelle", en plus d'être enfermante pour les filles, peut parfois devenir tragique y compris en occident, comme le montre le très beau film "Noces" de Stephan Streker (sorti en 2017).

 

Sexualiser, rabaisser et dominer...

Du côté de la place du Capitole à Toulouse, lors de la fête de la musique, également retransmise à la télévision, le baromètre du sexisme s'est emballé avec l'arrivée de M Pokora. Celui qui a fait sien le répertoire de Claude François, nous a infligé une image hyper sexualisée et dégradée du genre féminin : cinq femmes-objet en sous-vêtements, mi-passives, mi-aguicheuses ont reçu la consigne d'arpenter non pas le trottoir, mais la scène autour d'un chanteur manifestement satisfait de surplomber et d'exhiber son harem. Une fois de plus sous les projecteurs, les femmes étaient limitées à n'être que des images, des faire-valoir, niées en tant que sujets.

 

C'est souvent sans en avoir conscience que le spectateur ou l'internaute intègre des contenus machistes. Les clichés sont légions particulièrement dans les clips musicaux et ne sont pas propices à la prévention des violences sexuelles et sexistes. Il n'est pas rare de voir des relations basées sur la domination masculine, la subordination féminine, ou sous couvert de romantisme, une jeune-femme présentée comme faible, devant être protégée par un personnage masculin.

Sur Youtube, premier média d'écoute de la musique,

un sexisme affligeant

Une étude conjointement portée par Sciences Po et la Fondation des Femmes, s'est penchée sur la représentation des femmes dans les vidéos musicales les plus vues sur Youtube. 

Le rapport qui vient d'être publié montre notamment : 

  • une présence écrasante des premiers rôles masculins (62,1% - 16,2 %),
  • des représentations fortement stéréotypées : les femmes sont des séductrices, des poupées ou des vénales, les hommes hyper-virils, protecteurs, machos et sportifs...
  • des images dévalorisantes pour les femmes, réduites à des objets et sexualisés, 
  • des connotations sexuelles prononcées à 96% par des hommes,
  • des rapports femmes-hommes dominés par la séduction et/ou la soumission...
  • la présence de violences à caractère sexuel et sexiste (insultes misogynes, paroles, violentes, harcélement, violences conjugales, culture du viol...)
Lire le rapport complet

Bats-toi fillette ! l'hymne encourageant de Suzane

Bien heureusement, lors du concert des Estivales retransmis le 12 aout sur France Télévision, après la promotion du protectorat masculin par Black M, une voix, une présence féminine forte s'est distinguée. La musique tonique et le message très clair de Suzane a permis de remettre les pendules à l'heure du XXIème siècle et peut-être en montrant un autre modèle, de lutter notamment contre le fléau de l'hyper-sexualisation précoce des jeunes-filles.

Mixité au top avec Christine and the Queen

Autre prestation à la fois progressiste et de qualité, lors de la retransmission télévisée de la fête de la musique, celle de Christine and The Queen. Dans leur chorégraphie atypique, Héloïse Letissier et sa troupe ont fait la démonstration que l'art musical a tout à gagner lorsqu'il se départi des stéréotypes de genre pour se focaliser seulement sur l'intérêt artistique. 

Photo @timnowphoto

Sortie d'album :

On n'enferme pas les oiseaux- Barbara Pravi

Après sa deuxième place très remarquée au concours de l'Eurovision en mai dernier avec sa chanson "Voilà", l'auteure-compositrice interprète charismatique livre dans un nouvel album dix autres de ses créations. Son concept se déploie comme une histoire cheminant entre failles et puissance. Quête de liberté, élan amoureux, affirmation de soi, drames de la vie... La tournée internationale qui s'annonce va être l'occasion de mesurer la nouvelle notoriété de cette artiste singulière et inspirante qui recueille déjà, des écoutes à huit chiffres sur les plateformes musicales.

"Bats-toi fillette, On n'enferme pas les oiseaux, Saute ! ..."

Sans doute, de bons conseils pour espérer et agir.

Zixx.fr

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