Jeux olympiquesUn survivaliste explique aux Parisiens comment survivre pendant les JO 2024

JO de Paris 2024 : Un survivaliste explique aux Parisiens comment survivre pendant les deux semaines des Jeux

Jeux olympiquesLe Parisien lambda s’apprête à vivre un enfer pendant deux semaines. Pas (trop) de panique, Denis Tribaudeau, spécialiste en survie, distille quelques conseils
Courage les Parisiens, deux semaines, c'est pas si mal
Courage les Parisiens, deux semaines, c'est pas si mal - Photo by Dimitar DILKOFF / AFP / AFP
Jean-Loup Delmas

Jean-Loup Delmas

L'essentiel

  • Le Parisien n’est pas connu pour son optimisme, et à l’approche des Jeux, il imagine plus sa ville devenir un enfer qu’une fête à la Hemingway.
  • Les touristes par millions, les prix qui s’envolent, les colis qui n’arrivent plus… Sera-t-il même possible de vivre dans Paris ?
  • Face à cet environnement plus qu’hostile, « 20 Minutes » a récolté les précieux conseils en survie de Denis Tribaudeau, expert survivaliste.

Surtourisme, métros bondés, inflation démentielle des prix, voire dans le pire des scénarios mis sur la table du gouvernement, confinement nocturne et coupure des livraisons pour plusieurs semaines. Paris assiégé, Paris affamé, Paris étouffé mais… non même pas de mais, Paris juste vraiment saoulé. Le temps des Jeux olympiques, la capitale pourrait se transformer en enfer pour ses propres habitants, pourtant déjà rompus à l’infernale ligne 13 et au prix du café en terrasse à 4,20 euros.

Face à cette jungle urbaine particulièrement hostile en devenir, 20 Minutes a récolté les conseils de Denis Tribaudeau, expert en survie, qui propose de nombreux stages survivalistes et, notamment, auteur du Guide de survie en ville (Courrier du livre, 2018).

Le Parisien face à la foule

Le problème : Selon les projections de l’office du tourisme, plus de 15 millions de visiteurs sont attendus pendant les Jeux olympiques. De quoi rendre encore plus impraticable une ville qui semble déjà frôler l’implosion à Chatelet-les-Halles, dans les artères de Montmartre ou à chaque rame du terrible RER B.

La solution survivaliste :

Premier conseil de Denis Tribaudeau : « Il faut être intelligent et tactique face à un groupe qui devient con et incontrôlable plus il est nombreux. Le plus logique, c’est d’essayer d’éviter la foule. Evidemment, on peut essayer d’adapter ses horaires, sortir qu’aux heures creuses, éviter le métro en se déplaçant à pied ou à vélo… »

Un luxe tactique que certains d’entre vous ne pourront pas s’offrir. Si jamais vous vous prenez une foule dans la tronche, « c’est comme avec le courant d’une rivière, il ne faut pas lutter et se laisser emporter sans paniquer ni être brusque. A la moindre occasion, vous vous accrochez aux berges – ce qui correspond en milieu urbain à l’encadrure d’une porte, une rue adjacente, un trottoir surélevé… et laissez le mouvement passer ».

Le Parisien face à la fin des livraisons à domicile

Le problème : Le gouvernement recommande de ne pas se faire livrer pendant la compétition, en raison de la complexité qu’il y aura à acheminer quoi que ce soit dans un Paris surbondé. Déjà relou en soi, la problématique pourrait s’étendre et prendre une autre ampleur, puisque l’acheminement de nourriture dans la ville pourrait aussi devenir complexe. Or, on estime que la capitale n’a une autonomie alimentaire que de trois petits jours en cas de coupure des vivres.

Des cas de famines qui pourraient aussi survenir en raison d’un autre souci – la hausse des prix à venir avec les Jeux.

La solution survivaliste :

Denis Tribaudeau se montre limpide : « Il faut reprendre le réflexe de faire des réserves, un basique que le citoyen urbain, et a fortiori le Parisien, n’a plus l’habitude de faire. Constituer des réserves en amont semble pourtant le b.a.-ba pour ne pas être dépendant, surtout devant un risque aussi élevé de pénuries. »

Quitte à être intelligent, merci de bien vouloir l’être jusqu’au bout et de ne pas constituer vos stocks pile à la veille des JO en vidant les rayons des supermarchés façon premier confinement. Cette fois, il y a largement moyen d’anticiper : « Le mieux est d’acheter un peu plus par semaine pour faire des réserves au cas où, comme ça, on sent moins passer sur la facture et on diminue le risque d’auto-générer une pénurie. Il reste cent cinquante jours encore pour faire des stocks, inutile de se presser. »

Le Parisien face au touriste

Le problème : 15 millions de visiteurs, c’est quand même beaucoup de chance d’avoir dans le lot quelques bons gros relous, du touriste perdu qui vous interpelle toutes les trente secondes à la recherche de « the street with the tour Eiffel and a restaurant with omelette de fromage » au mec ivre mort et complexe à calmer. Le tout mélangé avec la faune locale parisienne pas connu pour être la plus accueillante ou chaleureuse.

La solution survivaliste :

Tout dépend du profil de visiteur que vous avez face à vous. Face à un visiteur qui se comporte comme un ours mal léché, « il faut s’adapter et se comporter comme avec un animal sauvage, avertit Denis Tribaudeau. Ne pas se montrer agressif soi-même, ne pas rentrer dans sa bulle, reculer gentiment et trouver une porte de sortie ».

Si le profil est juste un touriste légèrement envahissant mais pas dangereux, à vous aussi de ne pas vous comporter comme une bête : « Si on est gentils et respectueux avec eux, les touristes ne devraient pas poser de problème. Je ne pense pas qu’ils seront très offensifs et ne viennent pas pour faire du mal, c’est plutôt au Parisien de faire l’effort d’être gentil et accueillant pendant deux semaines. »

Le Parisien face à l’enfer

Le problème : Parce qu’en plus, il va falloir être gentil ? !! Ça commence à faire beaucoup. On veut bien être de nature optimiste et pratico-pratique, mais il n’y a pas une seule solution miracle face à tous les problèmes suscités par les jeux ?

La solution survivaliste :

Primo, « fuir ». Alors oui, ce n’est pas l’information du siècle, « mais ça reste un excellent réflexe de survie face à un environnement trop hostile. Prévoyez de quitter la ville avant que les problèmes n’arrivent, si les Jeux olympiques vous semblent vraiment trop insupportables ». Même si Denis Tribaudeau prévient, « dans la campagne aussi, il y a parfois des conditions difficiles de survie ».

Deuxième solution, et si vous arrêtiez de chouiner ? « Il faut relativiser un peu. On peut tenir trois semaines sans manger, trois mois sans interaction sociale, trois jours sans boire. On devrait survivre même avec des métros bondés et des bars fermés – ou aux prix prohibitifs. C’est aussi l’occasion de changer ses habitudes : marcher plus, changer de trajet, moins sortir, etc. Il n’y a rien de plus ennuyeux qu’une vie qui se répète sans cesse. Et puis on accueille les Jeux, c’est une chance plus qu’une plaie. »

Preuve de sa bonne foi, Denis Tribaudeau se rendra de son plein gré dans la capitale pour assister à deux épreuves olympiques. « Je me mets moi-même dans le problème. » Preuve que cet enfer doit être vivable.

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