Chers Lecteurs, Chères lectrices,
Vous excuserez mon absence, j’avais trop de devoirs et en vous écrivant, je sacrifiais mon dimanche jusqu’à 15h, ce qui n’est plus possible maintenant que je me suis sérieusement mis à travailler. Pourtant, j’aimais beaucoup vous écrire, d’autant plus que je recevais parfois des réponses dithyrambiques comme : « Trop long » ou encore « Pas compris » qui me confortaient dans ma vocation. C’est extrêmement gratifiant d’écrire une newsletter, il ne faut pas se leurrer.
Aujourd’hui, il n’y aura pas moyen de me dire que je m’égare du sujet, puisque le sujet, c’est moi, enfin plutôt la majorité, mais bon, je fais bien ce que je veux puisque je vous quitte. Ce n’est pas vous, c’est le jour, le dimanche… Même si j’adore le dimanche. Je suis né un dimanche et je crois que j’ai été modelé par ce jour. J’aime l’attitude désinvolte du dimanche, et son empressement de dernière minute quand il se rappelle du lundi, j’aime le dimanche qui n’est jamais une fin de vacances comme le samedi, mais un jour où l’on reprend racine, j’aime le dimanche qui nous sort du rythme effréné de la semaine et des soirées intempestives. Le chocolat chaud et les lectures au coin du feu en hiver ou bien les dîners qui finissent assis par terre sur la terrasse à regarder l’orage sont des enfants du Dimanche. Les crêpes du dimanche soir sont une religion pour nous, et aucun autre jour n’aurait su les accueillir dignement. Le Dimanche se dandine, coincé entre un samedi énergétique et un lundi déprimant, il s’adapte en fonction du contexte, n’est jamais trop rigide. On y fait ce qu’on peut quand on est en retard mais on n’y court jamais après le temps, c’est bien connu que le dimanche est calme. Or, à cause de la récurrence de cette gazette et du peu de temps que j’avais, j’ai fini par courir le Dimanche. Blasphème !
Pourtant, je me suis toujours dit que si j’avais une émission de radio un jour, elle aurait lieu un dimanche soir, comme Edouard Baer un temps et le générique merveilleux de Lumière dans la nuit ( « Allô, allô, c’est qui ? *Tolololotololotooto* » ). J’aurais voulu parler le dimanche soir et j’ai essayé de vous écrire le dimanche matin mais ce n’est pas la même chose. Parler et écrire ce n’est déjà pas la même chose, mais alors le matin et le soir encore moins. Alors entre se lever de son lit et écrire le matin, ce que l’on doit sans cesse peaufiner et relire pour ne pas envoyer n’importe quoi, puis attendre de voir si cela plaît, et parler le soir, une clope au bec ( je ne fume pas mais mes chroniqueurs fumeront ) et un verre de vin à la main, le choix est vite fait. La créativité se libère bien plus dans la pénombre du dimanche soir, apogée de ce jour déjà bien grand. Et je ne dis pas ça parce que je suis né à 21h un dimanche.
Je crois simplement que je ne suis pas prêt à accumuler des études de l’enfer et une gazette hebdomadaire comme j’arrivais à le faire l’année dernière. Mais ne vous inquiétez pas, je ne suis pas mort, je dors simplement, j’ai 18 ans maintenant, je vieillis. Avec un peu de chance, vous pourrez me lire dans quelques années dans la presse, à Society ou Le Monde, mes mots seront couchés sur du papier et seront moins solitaires qu’ici, ils dépasseront la barre des milles sans que la lecture ne soit insupportable comme elle peut l’être sur téléphone. Peut-être m’entendrez vous aussi sur France Inter, le dimanche. Vous ne devriez en revanche pas trop me voir sauf si je persévère au théâtre, mais je crois que je n’ai pas le talent de beaucoup et préfère donc y aller pour m’asseoir.
Je m’asseyais aussi quand je vous écrivais, mais chez le psy, une petite thérapie. Mes mots trouveront d’autres sièges et mes larmes d’autres vases pour que je ne sois pas débordé le dimanche, ce si joli jour.
La direction artistique de mon cerveau cogite pour vite trouver un autre moyen d’expression, en attendant, elle me dirige vers des études d’histoire approfondies, jusqu’à l’agrégation si je ne m’éparpille pas d’ici là, et espère entre temps aller travailler à Radio Nova, dans un café pour m’amuser, pourquoi pas à l’étranger. J’ai beaucoup d’idées, mais comme dirait le puzzle du soldat rose « de l’ordre de l’ordre de l’ordre, il faut de l’ordre ». Je vais donc me cultiver, me nourrir du monde qui m’entoure, à commencer par la semaine prochaine puisque je pars à Montréal et ensuite, mes idées brouillons se répartiront et je pourrais créer. Vous savez tout, sauf ce que ça me fait d'avoir 18 ans, et pour ça, il faut écouter le podcast.
Adieu,
Léonard Pauchon