“La vie c’est dangereux on en meurt tous à la fin” Seth Gueko, Titi parisien, in Professeur Punchline, 2015 |
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Est ce que vous y pensez ? Salutations mes très chers lecteurs, La lettre d’aujourd’hui, comme les précédentes, est écrite sur le vif, saisie dans l’instant, figée par l’écriture. Cependant, elle n’a pas été réfléchie durant la semaine, comme bien souvent l’étaient celles qui l’ont précédée. Une fois n’est pas coutume, je vais vous livrer ici, ma vision présente, comme une image instantanée, comme le ferait l’objectif d’un appareil photo, sur ma pensée toute subjective sur un sujet qui me hante, me fascine, m’obsède, me passionne, me terrifie, que j’ai introduis innocemment et naïvement par une question-titre, ou plutôt un titre-question, auquel, j’aimerais vraiment obtenir vos réponses, si vous voulez bien me les partager (le cas échéant, merci de le faire en réponse de cet email). Je ne voulais pas céder à la tendance de l’avertissement, en stipulant avant le corps du texte des TW (trigger warnings), avec des mots-clés, visant à prévenir le lecteur des émotions probables et réactions gênantes que pourraient lui provoquer la lecture de ce qui suit. Ne voulant pas y céder, je n’y céderai pas, mais voilà, sachez-le ! *** Est-ce que vous y pensez ? Si vous y pensez, à quelle fréquence ? Pensez-vous qu’il soit dangereux / nocif d’y penser ? Au départ, j’avais prévu d’opérer dans ce billet le travail de démonstration quant à la distinction entre pensée et idée… Finalement, j’écris sur autre chose, mais je tiens à préciser le sens que je souhaite accorder ici à la notion de “pensée”. Pour moi, ici, et de manière synthétique, la pensée s’oppose à l’idée, en ce sens que la pensée est un élément de l’idée. L’idée, selon moi, est un échafaudage, une construction mentale qui répond à une question, qui se veut être la ou une solution à un problème. La pensée, quant à elle, serait ainsi (toujours selon moi, et pour l’instant), l’unité de l’idée, de l’entendement, du raisonnement. Comme la dent de l’engrenage, seule ne sert pas à grand chose, mais a toutefois le mérite d’exister, puisqu’additionnée à d’autres dents, plus ou moins similaires, organisée par l’intelligence, elle permettra la génération d’un mouvement, par analogisme ici : l’idée. J’en viens donc au fait. Est ce que vous y pensez ? Pour ma part, je crois que j’y pense tout le temps, en permanence, d’où le fait que je qualifie cette pensée, œuvre de mon esprit : contre ou avec ma volonté, comme une obsession. le sujet peut sembler macabre, voire morbide, mais il s’agit bel et bien de la mort dont je souhaite parler ici. Je pense, et je n’arrive pas à penser autrement, que la vie, ou tout du moins, et plus précisément, ce que l’on vit, on ne le fait qu’en attendant la mort. Toutes nos actions, tout ce que nous réalisons, tout ce que nous pensons, et tout ce que nous sommes, tout cela nous le vivons, qu’en attendant la mort. Il n’y a ici aucun jugement de valeur quant à la vie, ni à la mort, je tente de les saisir ici de la manière la plus neutre possible. En effet, il m’arrive donc très régulièrement, et je pense qu’il ne s’est pas passé plus d’une dizaine de jours dans ma vie, depuis l’âge de huit ans environ, (la date d’ouverture de cette pensée, comme consciente à mon esprit, est assez facile pour moi à me remémorer), où je n’ai pas pensé, songé, réfléchi, en conscience, en veille, en rêve, à la mort. Il ne sera pas question ici de “qu’est ce que la mort”, ni de “qu’est ce que la vie”, je laisse cela aux biologistes, philosophes et aux théologiens. Afin de peut-être contextualiser quelque peu la pensée du jour, je vous invite à la lecture de plusieurs textes, que j’ai rédigés et dont je me suis inspirée pour les rédiger : Immortelle anxiété, 6 juillet 2019 : article de mon journal de bord, lors de la première partie de mon pèlerinage sur les Chemins de Compostelle Vanitas Vanitatum, ou la méthode salvatrice, 11 décembre 2020 : article de mon blog actuel - Pilgrimystic |
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Immortelle anxiété✨🙋🏽 Salam tout le monde✨ Ce matin l'envie d'écrire me prend subitement lorsque je prépare mentalement le programme de ma journée et que je pense fort à mon rendez-vous avec un hypnotherapeute en fin d'après-midi. C'est ce rendez-vous, pris en dernière minute qui m'oblige à repousser ma date de départ pour la seconde partie de mon pèlerinage sur les Chemins de Saint Jacques de Compostelle. |
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Le livre de l’Ecclésiaste, texte de la Bible, rédigé par le mystérieux Qoheleth, dont je me suis inspirée pour l’article cité précédemment, et qui reste une source de réflexion récurrente pour moi face à des états comme celui présent, que je tente de vous décrire. D’ailleurs, petite information anecdotique à propos de ce texte, les expressions courantes comme “Rien de nouveau sous le soleil”, ou encore “il y a un temps pour tout”, sont issues de ce texte, biblique, même si certains y voient (comme Montaigne et les Lumières du XVIIIe y voyaient une forme d’athéisme, d’un épicurisme (mal défini), au cœur d’un texte sacré. Penser la mort, penser à la mort peut paraître mortifère, et je ne vais pas étaler plus longuement ici ce à quoi précisément cela me fait véritablement penser. J’exprimerai toutefois certaines choses d’une évidence crue, à savoir que mes réflexions, face à l’idée de mort, me portent entre crainte et douleur a priori de la perte d’un être cher, par essence, mortel, puisque (presque) tout ce qui est, doit ne plus être, matériellement tout du moins, ainsi, je sais que c’est la perte, l’absence, vécue, pressentie, supposée, imaginée, fantasmée, attendue, qui me fait souffrir. L’idée aussi de la douleur que puisse ressentir d’autres encore face à ma propre disparition de ce monde visible et matériel m’attriste, et bien qu’on pense devoir ou pouvoir s’en remettre un jour, je sais que je ne m’en remettrai pas, et c’est tant mieux (sauf peut-être de ma propre perte, je pense et souhaite, pouvoir m’en remettre, puisque je ne sais pas si j’aurai conscience de ma propre mort, et c’est en cela que ce fascinant mécanisme de la fin de la vie matérielle, est porteur d’une félicité, toute égoïste). Lorsque j’observe les animaux non-humains, je crois voir, et leur souhaite de ne pas penser à la mort. Ils vivent, tout simplement, et lorsque l’heure venue, il est temps pour eux de quitter la scène, ils ont une dignité que je leur envie. ne dit-on pas que “les oiseaux se cachent pour mourir” ? Socrate, relayé par Platon en parle fort bien dans le magnifique passage du “chant du cygne” Platon, Phédon, 84d-85b en effet, Socrate sait sa fin proche, et comme un non-humain alors, il recouvre la dignité du Vivant face à la Mort, et c’est par l’intermédiaire du dieu (le texte en grec utilise bien le singulier, et je me souviens très bien de cela puisque c’est précisément ce texte qu’il m’a fallut traduire à l’oral de grec ancien, pour l’épreuve du baccalauréat, je n’y voyais pas encore l’annonce, peut-être d’un monothéisme, tout platonicien à venir, cela je ne l’ai supposé que quelques années plus tard, puisque le Phédon a longtemps été mon livre de chevet, haïssant alors le Banquet, qui petit à petit vient dispenser à mon esprit (trop) penseur des miettes de bonheur et d’amour !), donc c’est par l’intermédiaire du dieu, qu’il trouve, dans l’approche de la mort, comme les cygnes, une grande joie, à quitter cette vie. Ainsi, je pense que si Socrate, comme les cygnes, ou d’autres êtres vivants, heureux de tirer leur révérence, c’est parce qu’ils sont satisfaits, heureux que cela se termine, parce qu’ils ont accompli ce qu’il fallait : ils avaient vécu. Alors oui, je me berce de ces savoirs, de ces lectures, et observations pour calmer mon anxiété, pour apaiser ma peur de la mort, en me disant que je serai heureuse le jour de ma mort, parce que j’aurai vécu. pas nécessairement bien vécu, non juste et seulement vécu ! Cependant, est-il si mal de ressentir de la tristesse ? Je ne le pense pas, car, en tant qu’artiste et amateur d’art, j’aime par dessus tout ce que la peur de la mort, la tristesse d’un deuil, la douleur de l’absence, de la perte, l’angoisse de l’après, tout cela, je l’admire dans ce qu’il génère comme œuvre, comme création. La peur de la mort, mais au-delà encore, l’existence de la mort elle-même est une chose merveilleuse, le moteur de tout ce qui est, de tout ce qui existe, de tout ce que nous, membres du vivant sommes et faisons. J’ai envie de vous dire au combien j’apprécie le fait que la mort soit encore un mystère, celui auquel ni la science, ni la religion, ni la pensée ne peuvent apporter de solutions simples, parfaites et vraies, car le mystère permet de tout imaginer, et la Mort revêt ainsi pour chacun de nous tout ce dont nous voulons bien la vêtir. *** Pour le prouver, je terminerai cette lettre en vous citant certains passages de Fernando Pessoa, Le Livre de l’intranquillité, monument de la littérature portugaise, livre (posthume, comme quoi, il a bien fait de mourir, sinon on ne connaîtrait pas cette pépite !), que je convie tous ceux qui connaissent ou traversent un moment ou l’autre de leur vie la question de la vanité de la vie, la dépression, l’angoisse et l’anxiété. Si je tiens absolument à vous en livrer quelques extraits ici, c’est pour prouver combien, et la mort, et la réflexion sur l’utilité, la vanité de la vie peut être in fine, source, inspiration de textes à haute teneur de sublime. Ces citations, je vous propose, non pas de les recopier ici, mais de vous les lire à voix haute, car je trouve que le texte aura encore plus de relief et de résonnance, ainsi, si vous voulez les écouter, il vous suffit de suivre le lien ci-dessous. |
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A propos d’oralité, je vous rappelle que je poursuis tous les lundis la publication de mon podcast Logos Club, nous en sommes déjà au chapitre 3, que vous pouvez écouter sur toutes les plateformes de votre choix. Il vous suffit de cliquer juste en dessous. Bonne écoute ! |
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