Notre état de bien-être est-il lié à notre capacité à faire disparaître les émotions « négatives » dans nos vies comme la colère, la tristesse ou la peur ?
Un patient me disait récemment qu’il se sentirait plus heureux dans sa vie, s’il n’était pas régulièrement traverser par un état de tristesse. Pour lui, la tristesse n’avait aucun intérêt et il préférerait être toujours dans la joie.
Je lui ai d’abord rappelé qu’il existait six émotions de base ou primaires : joie, surprise, tristesse, colère, peur, dégoût. Toutes les autres émotions sont considérées comme des mélanges de celles-ci. Donc, tout être humain va donc être traversé dans sa vie par toute cette palette émotionnelle. C’est normal et cela nous relie à notre commune humanité.
Ensuite, je lui ai précisé que toutes les émotions refoulées ou étouffées ont un prix sur notre état de santé ou de bien-être. Le premier, c'est une forme d'indifférence intérieure : nous sommes comme hors de chez nous, déconnectés, hors-sols. Ainsi, nos émotions sont d’abord une invitation à prendre conscience de ce qui se joue et s’exprime en nous, pour donner du relief et de la profondeur à nos vies.
Si nous revenons à la tristesse par exemple, elle est présente lorsque nous subissons une perte ou lorsque nous souffrons d'un manque important. Lorsque nous accueillons notre tristesse, cela nous permet de mieux réaliser l’importance que pouvait avoir telle situation ou telle relation.
Si nous considérons notre tristesse comme une manifestation émotionnelle non importante, comme une faiblesse ou comme un manque de maîtrise, nous nous empêchons de comprendre ce qui est touché en nous dans telle situation et nous restons à la surface des choses.
Or si nous nous ouvrons à notre émotion de tristesse, nous sommes plus conscients de ce qui est touché ou blessé en nous, ce qui nous permet de trouver une plus juste distance par une meilleure compréhension, qui donne du sens et une certaine forme de libération pour avancer par rapport à la situation vécue.
Si ce patient continue à refuser d’accueillir sa tristesse, il ne pourra pas entendre le message associé à cet état récurrent. Et tant que le message ne sera pas entendu, vécu et traversé, cet état de tristesse va surement se réinviter régulièrement, car cette émotion est là pour l’ouvrir à de nouvelles dimensions inexplorées de lui-même ou à des besoins inconscients insatisfaits.
En conclusion, notre état de bien-être n’est pas du tout lié à notre capacité à faire disparaître les émotions difficiles dans nos vies, mais bien d’apprendre à les accueillir pour les vivre avec plus de simplicité et de souplesse. Par ailleurs, la psychologie positive qui est complémentaire de la psychopathologie, rappelle l’importance, sur la base de plusieurs recherches scientifiques, de développer et cultiver aussi des émotions positives. En effet, cela serait plus efficace dans le traitement des troubles anxieux et dépressifs que la simple réduction des affects négatifs. Ainsi, lorsque l’on augmente la présence d’émotions positives, on réduit l’apparition d’affects négatifs, l’inverse étant moins fréquent.
Le chemin que propose la Méthode Vittoz en psychothérapie individuelle ou dans les groupes FOVEA de promotion de la santé est d’apprendre à faire de ses émotions des alliées en combinant à la fois notre capacité à cultiver les émotions positives et l’accueil bienveillant et inconditionnel de nos émotions « dites négatives ». Cela permet de déployer un cercle vertueux dans nos vies, base de promotion de la santé et du bien-être individuel et collectif, qui est fondamental pour développer de nouvelles ressources et compétences pour créer un « monde de demain », dès aujourd’hui, plus fraternel, bienveillant et solidaire, en un mot plus humain.
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Patrick BOBICHON
Praticien de la psychothérapie Vittoz
Instructeur FOVEA
Coordinateur de l'étude nationale FOVEA pour l'IRDC
Pour Particuliers, Groupes et Organisations
En cabinet, sur site et par vidéo.
Qui suis-je ?
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