La zone humide tampon de Sacy-le-Grand :
une solution efficace pour l’épuration des eaux
L’eutrophisation des eaux de la Frette dans les Marais de Sacy correspond à un enrichissement en éléments nutritifs, avec notamment l’apparition d’algues filamenteuses. Ce phénomène a été observé à l’aval d’un fossé exutoire d’un sous bassin versant de 183 hectares, essentiellement urbain et agricole, et de la station d’épuration de Sacy-le-Grand.
Une étude hydraulique de gestion des eaux pluviales finalisée en 2013 a établi des propositions d’aménagements ainsi que l’amélioration des pratiques culturales. Les actions mises en place pour améliorer la qualité des eaux superficielles ont été :
· de modifier et/ou adapter certaines pratiques agricoles (modifications d’entrées charretières, maintien de talus, modifications du sens de labour),
· d’aménager les voiries du chemin de Bailleul et de la chaussée Brunehaut (commune de Sacy-le-Grand) et de la route départementale n°75 (fossés, saignées, noues),
· en 2015, de réaliser une zone humide tampon permettant d’améliorer la qualité globale des eaux des Marais de Sacy en retenant temporairement 3 500 m3 d’eau issus du sous bassin versant et de la STEP (capacité de 3 000 équivalent par habitant pour 100 000 m3 d’eaux usées traitées par an). La zone humide tampon s’étend sur une surface de 1 hectare en lieu et place d’une peupleraie.
Au niveau du sous bassin versant, les engagements des agriculteurs, de la commune et du Département sont suivis annuellement par le SMOA. Pour la zone humide tampon, la commune assure l’entretien des ouvrages techniques par débroussaillage mécanique. Les secteurs enherbés, environ 6 000 m², sont entretenus chaque année par pâturage extensif avec les buffles domestiques du SMOA.
Cette zone humide tampon (ZHT) est-elle réellement efficace ?
L’évaluation de l’efficacité de la zone humide tampon sur le traitement des eaux pluviales du sous bassin versant et des eaux traitées de la station d’épuration a commencé en 2018.
La première phase a consisté à analyser les polluants directement dans l’eau au niveau de la ZHT. Théoriquement, la dépollution est efficace après un temps de séjour minimum de 5 jours au sein de la ZHT. Dans le cadre d’un stage de 5 mois réalisé par M. Rémi MALIGNAT, les polluants étudiés ont été ciblés autour :
· des nutriments tels que les concentrations en nitrates, ammonium, phosphore total et orthophosphates,
· des éléments traces métalliques comme le nickel, le cuivre et le plomb,
· des pesticides avec le glyphosate (herbicide), l’AMPA (principal métabolite du glyphosate) et de l’azoxystrobine (fongicide contre de nombreux champignons parasites de nombreuses plantes).
Les principales conclusions, après plus de 2 ans de mise en fonctionnement, sont que la zone humide tampon est :
· très efficace sur l’abattement des nitrates et des nitrites,
· moins efficace sur les formes de phosphores,
· efficace pour l’abattement du cuivre mais moyenne concernant le nickel et inefficace concernant le plomb,
· inefficace sur les pesticides.
Dans le cadre d’une thèse réalisée par Audrey CATTEAU, l’Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques (INERIS) basé à Verneuil-en-Halatte a voulu tester l’efficacité globale de la zone humide tampon en utilisant comme indicateur l’état de santé des poissons. Une approche multi-marqueurs a donc été expérimentée en utilisant des épinoches à trois épines, petits poissons d’eau douce, encagés à l’entrée et à la sortie de la zone humide tampon. Après 21 jours d’exposition, les épinoches ont été récupérées et plusieurs biomarqueurs représentatifs de différentes fonctions biologiques ont été analysés. L’équipe de recherche s’est notamment intéressée au système immunitaire inné, mais également au système antioxydant, aux enzymes de biotransformation, au système nerveux et enfin aux protéines impliquées dans la reproduction des épinoches. Les conclusions montrent un effet positif global de la zone humide tampon sur la qualité de l'eau à sa sortie sur la base de la mesure de ces biomarqueurs chez les poissons.
Il est donc important de poursuivre l’observation des performances de la zone à long terme aussi bien directement sur la qualité physico-chimique de l’eau que sur les molécules ayant une incidence plus difficilement mesurable sur les organismes vivants, notamment par leur effet cocktail.
Plus de renseignements sur la zone humide tampon, contactez Christophe au 06 89 20 09 47 / christophe.galet@smoa.fr.
