I.2 Yogashchittarittinirodhah
"Le Yoga est l'arrêt de l'activité automatique du mental"
I.3 Tada drashtuh svarupe avasthanam
"Alors se révèle notre Centre, établi en lui-même"
(Yoga Sutra de Patanjali)
Dès le 2ème sutra, Patanjali nous présente l'intérêt du Yoga : arrêter l'agitation automatique du mental.
Et il nous indique aussitôt quelle est l'extraordinaire conséquence de cet acte apparemment simple : en nous libérant des automatismes, le Yoga nous révèle notre capacité d'être au-delà de notre incarnation matérielle, le Soi.
Cette conscience profonde que Patanjali appelle Drashtar (celui qui voit), c'est le Témoin immobile qui existe en chacun de nous, celui qui peut tout voir, les pensées et les vrittis (les Vrittis ou les cinq modalités de la pensée : le raisonnement juste, la pensée erronée, l'imagination, le sommeil et la mémoire). Ce Témoin, cette force observatrice est indépendante, en réalité, de tous les vrittis, de toute la nature, du corps et même du mental.
Or, nous avons trop tendance à penser que nous sommes le corps et le mental (c'est comme si nous pensions que nous et le smartphone que nous utilisons sommes une seule et même entité).
Nous ne sommes pourtant pas nos douleurs, ni nos sensations, ni nos émotions. Nous sommes l'espace dans lequel il y a ces manifestations.
"Sur son tapis, l'observateur laisse dérouler le fil du ressenti ; la résistance, la limite, la mémoire, le jeu psychologique,... Tout ceci se déploie dans l'espace intense de l'observateur tranquille... Ni juge, ni partie. Seulement constater."
Gérard Beaulet - Yoga du Cachemire
En calmant l'agitation du mental, il devient alors transparent et permet la relation avec la conscience profonde. C'est l'évidence qui apparaît plus clairement quand plus rien ne vient brouiller la conscience.
Qu'on le nomme Drashtar, l'Atman, le Soi ou le Centre, c'est une richesse commune à tous les hommes, source d'amour, de vie, de créativité que pour la plupart nous cherchons à l'extérieur, alors qu'elle est en nous.
crédit : YSP éditions Albin Michel