Des chauves-souris sont de plus en plus souvent observées en montagne jusqu'à de hautes altitudes, parfois même au-delà de 3 000m. Pour mieux connaître ces espèces montagnardes ainsi que les milieux dans lesquels elles évoluent, une action du projet AltiChiro a été mise en place pour réaliser un suivi acoustique sur une année complète (de mars 2021 à mars 2022) au Glacier de Celliers (2 651m) sous le point culminant du massif de la Lauzière, le Grand Pic de la Lauzière (2 829m). Cette étude, mise en relations avec des suivis similaires réalisés en Vanoise ainsi que dans les Alpes suisses et autrichiennes, a mis en évidence plusieurs résultats sur l'écologie des espèces de chauves-souris présentent en altitude.
Les chauves-souris peuvent être actives en haute montagne de fin mars à fin octobre avec un pic d'activité d'août à fin septembre. Cinq espèces peuvent être considérées comme spécialistes des milieux alpins et de haute altitude : Nyctalus leisleri, Vespertilio murinus, Eptesicus nilssonii et Plecotus macrobullaris et dans une moindre mesure Tadarida teniotis. De plus, elles semblent capables, à ces altitudes, de rechercher leurs proies à la surface de la neige ou même d'utiliser ponctuellement des gîtes rocheux (falaises, éboulis de gros de blocs). Par ailleurs, ces espèces ainsi que Plecotus auritus, et Pipistrellus nathusii peuvent effectuer des déplacements migratoires printaniers très précoces et automnaux en passant par de hauts reliefs enneigés et exploiter de manière plus opportuniste les milieux d'altitude lors du pic d'activité. D'autres espèces en marge de leur aire : Barbastella barbastellus, Eptesicus serotinus, Hypsugo savii, Myotis mystacinus/brandtii et Pipistrellus pipistrellus ont aussi été observées lors de ce suivi pendant le pic d'activité. Enfin, les chauves-souris en montagne sont capables de voler par des températures très froides allant jusqu'à -5.8°C. Cependant les températures optimales de vol sont supérieures 3.6°C. Les variations de température impactent le niveau d'activité chiroptérologique faiblement sur l'année et plus fortement en cours de nuit. Par contre, en considérant seulement la période de maximum d'activité il n'y pas de relations entre la température nocturne moyenne et le niveau d'activité par nuit.