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Getir, la licorne turque qui a révolutionné la livraison débarque à Paris

La société, spécialisée dans la livraison de courses à domicile en quelques minutes, est valorisée 7,5 milliards de dollars après trois gigantesques tours de table en 2021. Elle vient aujourd'hui défier une cohorte de start-up à Paris (Cajoo, Gorillas, Dija, Flink). Elle compte sur son expérience de six ans pour faire la différence dans l'univers des « dark stores ».

L'ascension éclair de Getir (« apporter » en turc), qui a lancé son service mardi à Paris, est observée avec un mélange de fascination et de curiosité dans la Tech.
L'ascension éclair de Getir (« apporter » en turc), qui a lancé son service mardi à Paris, est observée avec un mélange de fascination et de curiosité dans la Tech. (Getir)

Par Adrien Lelièvre

Publié le 22 juin 2021 à 08:00Mis à jour le 24 juin 2021 à 15:10

Les succès entrepreneuriaux naissent toujours de prises de risques. Quand il évoque la création de Getir, la société turque pionnière de la livraison express de produits d'épicerie, Nazim Salur n'hésite pas à filer la métaphore footballistique. « C'est comme frapper depuis le milieu de terrain. Les chances de marquer sont faibles. Mais si tu y arrives, le but est mémorable ! » commente le patron supporter de Fenerbahçe, l'un des trois clubs phares d'Istanbul.

L'ascension éclair de Getir (« apporter » en turc), qui a lancé son service mardi à Paris, est observée avec un mélange de fascination et de curiosité dans la Tech. Car, dans un secteur en pleine ébullition mais dont le modèle économique interroge, la société turque a des allures de vétéran.

Istanbul, le laboratoire

C'est sur les rives du Bosphore que l'histoire de Getir débute à l'été 2015. Après avoir fondé BiTaksi, un acteur local des VTC qui permet d'avoir un chauffeur en bas de chez soi en trois minutes, Nazim Salur se fixe un nouveau défi : livrer des produits d'épicerie en dix minutes chrono.

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Le secret ? Des vans remplis de marchandises sillonnant la ville et des « dark stores », c'est-à-dire des magasins sans client optimisés pour le stockage. Les vans ont vite été abandonnés, mais la start-up a multiplié l'installation de « dark stores » (sous forme de franchise) afin de mailler l'ancienne Constantinople le plus densément possible.

Dès qu'un client passe une commande en ligne, les salariés de Getir réunissent immédiatement les victuailles dans des sachets, puis un livreur démarre pied au plancher afin de les déposer au domicile du client. Les Stambouliotes les plus aisés sont vite tombés accros à ce service révolutionnaire.

Gain de temps pour les clients

Pourtant, à entendre Nazim Salur, Getir n'est pas seulement un distributeur 2.0. « Le principal produit que nous vendons, c'est du temps », sourit malicieusement l'entrepreneur turc. « Le prix de la livraison n'est rien par rapport au confort que nous offrons. »

Au fil des ans, Getir a étendu sa toile dans une trentaine de villes de Turquie, où Nazim Salur est devenue une célébrité suivie sur les réseaux sociaux. Malgré sa croissance rapide, la start-up a mis du temps à séduire les spécialistes du capital-risque. Jusqu'au jour où Michael Moritz, investisseur star chez Sequoia Capital, a pris un ticket dans la société à titre personnel en 2020. La crise sanitaire, synonyme de fermeture des magasins physiques, a ensuite donné une extraordinaire impulsion à Getir.

1 milliard levé en six mois

Depuis le début de l'année 2021, la jeune pousse turque a ainsi bouclé trois « giga » levées de fonds (128 millions de dollars en janvier, 300 millions en mars et 555 millions en juin). Elle est désormais valorisée 7,5 milliards de dollars.

Nazim Salur s'amuse de cet appétit soudain des investisseurs. « C'est comme quand il y a de la musique. Au début, personne ne vient sur la piste de danse, puis trois personnes se mettent à danser, puis tout le monde arrive et il n'y a plus de place », philosophe l'entrepreneur. Revers de la médaille : Getir a été copié dans toute l'Europe (Gorillas, Flink, Dija, Cajoo, Zapp, Weezy, etc.). Pour ces start-up ambitieuses, l'américain GoPuff (valorisé 8,9 milliards de dollars) est aussi une source d'inspiration.

Expansion internationale

La concurrence ne fait pas peur à Nazim Salur. « Notre société a six ans d'expérience, nos concurrents ont à peine six mois, voire un an », relativise-t-il. Getir ne communique pas sur son chiffre d'affaires mais assure que ses premiers « dark stores » sont rentables. « Nous servons des millions de personnes chaque mois en Turquie », explique l'entrepreneur avec fierté.

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Getir veut profiter de son gigantesque trésor de guerre pour accélérer à l'international. Outre Londres, Amsterdam, Berlin et Paris, la société turque prévoit de partir à l'assaut des Etats-Unis d'ici à la fin de l'année.

Adrien Lelièvre

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