En cette nouvelle journée des droits des femmes, les inégalités sont encore à l'œuvre sous de multiple façons, souvent insidieusement. C'est le cas notamment, des jugements de valeur ou esthétiques (toujours androcentrés), du rapport aux libertés, au corps, à l'âge, au pouvoir et à l'expression au sens large... une réalité qui impacte et entrave les femmes dans tous les domaines, particulièrement dans celui de la musique, considéré par Pierre Bourdieu comme "'espace privilégié de la domination masculine".

La musique : miroir grossissant des inégalités femmes-hommes

La place des femmes dans la musique résulte d'un ordre patriarcal toujours aux commandes : sous-représentativité des œuvres féminines, invisibilisation des pionnières, instrumentalisation, sexualisation, violences sexistes et sexuelles, accès très limité aux fonctions de prestige ou de pouvoir, conditions inéquitables et depuis peu feminism-washing...

Faire résonner l'égalité

L'amélioration de la situation passe en premier lieu par une remise en cause de notre système de pensées, qui cultive les stéréotypes de genre et attribue au principe féminin un moindre intérêt, une moindre valeur. Cette "valence différentielle des sexes" théorisée par l'anthropologue Françoise Héritier (1933-2017) a depuis plusieurs millénaires, contribué et contribue encore à la mise à distance des femmes.

Le deuxième axe de progrès repose sur la mise en lumière des figures féminines, de leur parcours, de leurs œuvres. C'est un objectif suivi par l'association "Cultures d'égalité".  (voir programme ci-dessous)

Mickey et Sylvia Robinson en 1956, Etats-Unis

Actualités : coût de la virilité et contre-modèles

Les injonctions stéréotypées ne sont pas l'apanage des femmes. Face à l'invasion de l'Ukraine par Poutine, on ne peut s'empêcher de penser au "coût de la virilité", titre d'un livre publié l'an dernier, dans lequel l'historienne Lucile Peytavin pointe les faramineuses conséquences économiques et sociales d'une éducation et d'une culture excessivement virilistes. (On pourrait y ajouter les conséquences écologiques récemment pointées par le Giec)

Le dimanche 27 février 2022, se tenait une représentation d'Aïda de Verdi à l'opéra de Naples. A la fin du spectacle, la soprano ukrainienne Liudmyla Monastyrska a pris par la main la mezzo-soprano russe Ekaterina Gubanova. Ensemble, elles ont fait un pas vers le public et se sont enlacées, sous les ovations du public.

Mort de Betty Davis, dynamo créative, pionnière du funk

On la pensait invicible, mais la figure de la contreculture newyorkaise, pionnière du funk, s'en est allée le 9 février dernier à l'âge de soixante-dix sept ans. Malgré une courte carrière entre 1964 et 1975, Betty Davis, chanteuse magnétique, auteure-compositrice et productrice aura marqué les esprits et inspiré des générations d'artistes. Janelle Monae, Erika Badu, Peaches, entre autres se réclament de son influence. 

Songwriter dans l'âme, elle avait écrit ses premières chansons à l'âge de douze ans. Les Chambers Brothers lui doivent leur tube "Uptown to Harlem", les Commodores, les  mélodies qui leur ont permis d'être signés à la Motown. 

C'est encore elle qui a fait découvrir Jimi Hendrix et la musique pop électrifiée au trompettiste de jazz Miles Davis, lui ouvrant par là de nouvelles influences psychédéliques. (Elle restera mariée avec lui une petite année.)

Tout au long de sa vie, elle restera déterminée à tracer sa propre voie.

Longtemps oubliée, Betty Davis a été remise à l'honneur dans les années 2000.

Plus récemment des rappeurs tels Ice Cube ou Talib Kweli, faisaient rimer sa musique sur un mode "Bettynien" : fort et sensuel !

Ouvrir de nouveaux horizons vers l'égalité

Les Newsletters de Rosetta sont publiées par "Cultures d'Egalité".

L'association propose une série d'interventions-conférences sonores et visuelles qui prouvent que malgré les innombrables obstacles qu'elles ont rencontrés, les femmes non seulement ont contribué à écrire plusieurs pages de l'histoire des musiques savantes et populaires, mais ont de plus, contribué de manière significative à l'évolution des genres musicaux.

+ Mythoscopie : comment les grands mythes ont contribué à l'avènement de la domination masculine et à la neutralisation des femmes pour des siècles et des siècles.

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