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Une pollution plastique omniprésente...


Plage de Cayenne. Association KWATA ©️ (source : Contamination des vertébrés marins par les plastiques de Guyane, ASSOCIATION KWATA, 2019 , BEST RUP GRANT 2493))

Pollution du sol, de l’air, de l’eau … Voilà bien un défi à traiter en ce 21e siècle ! Et si on vous parle pollution de l’eau, il y a fort à parier que vos pensées visualisent un océan ou une plage jonchés de déchets. Constat d’autant plus évident si vous résidez au plus près de la mer, comme c’est le cas pour la majorité des habitants du péyi, ou si vous êtes un amoureux des tortues marines (ce que tend à démontrer votre présence sur ce site !). Quels déchets matérialisent le plus cette pollution des océans ? La pollution plastique à n’en pas douter. Et c’est bien là tout le paradoxe : la pollution plastique, si présente sur nos plages et dans les océans, n’a finalement pas capté tant d’attention avant les années 2000, bien que ce matériau soit produit depuis presque un siècle. C’est précisément ce que rappelle l’article scientifique dont nous allons parler dans ce billet.


.. jusque dans les entrailles du Vivant !


Au sein de cet article scientifique publié cette année, Flore Emonot et son équipe ont étudié 34 cadavres d’animaux échoués sur les côtes de Guyane entre 2012 et 2019, à la recherche de traces de plastiques. Dans le détail, ce sont 13 tortues vertes (Chelonia mydas), 12 tortues olivâtres (Lepidochelys olivacea), 1 tortue luth (Dermochelys coriacea) et 8 dauphins de Guyane (Sotalia guianensis) qui ont apporté leur (malheureuse) contribution, en donnant, littéralement, de leur « personne ».

Les échouages d’individus de ces espèces se comptent en dizaines chaque année sur les côtes guyanaises. Comprendre à quel point la pollution plastique est présente au sein des organismes marins est d’une grande importance pour la conservation de ces animaux tous menacés, jouissant d’un statut de protection réglementaire, et emblématiques de la Guyane.


Macro et micro plastiques


Entrons à présent dans le cœur du sujet… et l’analogie anatomique n’est ici pas si loin de la réalité des faits : puisque les échantillons plastiques ont été collectés au niveau des organes constituant le tube digestif (œsophage, estomac, intestins) couplés à un échantillonnage réalisé au sein du contenu intestinal. Il est à noter que pour les plus petits animaux (tortues olivâtres et vertes), les carcasses ont été renvoyées à l’Institut Pasteur de Guyane après coup. Quant aux plus gros animaux (tortue luth et dauphins), les organes ont ensuite été conservés pour de futures analyses.


Les macro plastiques concernent les « gros » résidus plastiques, dont la taille est supérieure à 25 mm. Pour ces éléments, il s’agissait de discriminer visuellement les plastiques du bol alimentaire, avant de les laver puis les sécher à 70°C. La détermination des plastiques a ensuite été faite par spectroscopie.


Concernant les micro-plastiques (les plus petits fragments), le protocole était plus complexe : les résidus non visibles a priori étaient rincés, puis « digérés » par réaction alcaline (méthode jugée plus efficace qu’une digestion à l’aide d’acide, tel que naturellement réalisée au sein du tube digestif) et filtrés. C’est ainsi que seuls demeurent les plus petits plastiques, dont la taille est inférieure à 5 mm, sous la forme d’une bouillie gélatineuse. Différentes techniques de microscopies ont alors été utilisées, en fonction de la taille des particules à identifier.


Verdict ? Des macro plastiques ont été détectés au sein des tissus de 4 tortues vertes, dont systématiquement des polyéthylènes (composant plastique le plus commun sur la planète, constitutif d’une bonne moitié des emballages plastiques à travers le monde, et que l’on retrouve également dans la fabrication des tuyaux, gaines, flacons, bouteilles, jouets, et autres sacs poubelle). Quant aux micro plastiques, des traces ont été observées au sein de 13 individus, parmi les 4 espèces (2 dauphins, 6 tortues olivâtres, 4 tortues vertes, et au sein de la tortue luth).

Association KWATA ©️ (source : Contamination des vertébrés marins par les plastiques de Guyane, ASSOCIATION KWATA, 2019 , BEST RUP GRANT 2493))








Des questions demeurent


Qu’en est-il de la source de la contamination ? Les animaux ont-ils en outre été contaminés lors de leur passage dans les zones côtières, ou au large ? Pour les espèces carnivores (telles que le dauphin et la tortue olivâtre), à quel point la contamination de leurs proies peut-elle être impliquée ? Ces questions n’obtiennent ici pas de réponses, et le faible nombre d’individus collectés au sein de cette étude ne permet également pas d’établir de statistiques efficaces.


Mais il est une chose qui, elle, est certaine : la contamination plastique est une source d’inquiétude majeure quant à la bonne santé des écosystèmes marins et des espèces qui les peuplent. L’ingestion de micro plastiques modifient la richesse et la diversité du microbiote (les microorganismes présents naturellement au sein des êtres vivants et indispensable à la bonne santé des individus) et induisent par conséquent des dommages physiologiques. Par ailleurs, l’ingestion de macro plastiques menacent directement et mécaniquement la survie des individus notamment par le risque d’obstruction des voies digestives, mais diminuent également de nombreux mécanismes physiologiques fondamentaux tels que la croissance ou encore la reproduction.


L’étude ici réalisée met une fois de plus en exergue l’importance de la pollution plastique au sein des océans, la nécessaire adéquation de nos méthodes de traitement à cette pollution, et l’impact que celle-ci implique sur les animaux marins.


Ce travail a été réalisé par l'association Kwata, en partenariat, Réserve Naturelle Nationale de l’Ile du Grand-Connétable, Réseau Echouages de Guyane, BOREA, UMR EcoFoG, Université de Guyane, Institut Pasteur de la Guyane.


Lien pour accéder à l'étude scientifique :

chrome-extension://efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/https://www.tortuesmarinesguyane.com/_files/ugd/e42bd3_0fd55df936e0425eb7b4fc02cef7ff73.pdf

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