Quick commerce : Getir renonce au marché français

C’est la fin de Getir en France. L’acteur turque de la livraison rapide de courses à domicile n’a jamais trouvé sa rentabilité et était mis en difficulté par les règlementations anti "dark stores" mises en place dans l’Hexagone. Il préfère jeter l’éponge.

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Quick commerce : Getir renonce au marché français

En France, Getir capitule. Le 21 juin, l’entreprise turque de livraison express de courses à domicile, qui possède aussi les marques Gorillas et Frichti, a annoncé aux délégués du personnel qu’elle abandonnait le marché français, où elle s’était lancée en 2021. L’information a été reprise par plusieurs médias, dont Le Figaro.

Placé en redressement judiciaire le mois dernier, le groupe a finalement décidé de ne pas financer le plan de sauvetage qu’il avait exposé pour redresser ses activités en France, et qui prévoyait le licenciement de la moitié de ses effectifs (soit 900 personnes). La nouvelle impactera donc 1800 salariés en CDI et CDD selon la CFDT.

Le quick commerce ne passe pas en France

Le "quick commerce", qui propose la livraison de courses en quelques minutes par un livreur à vélo ou en scooter électrique ne semble définitivement pas fait pour le marché français, mais les difficultés du secteur sont globales.

L'annonce de Getir intervient quinze jours après que l'Allemand Flink a également déclaré forfait. Les deux sociétés invoquent les mêmes motifs : un environnement juridique complexe et des réglementations imposées par les administrations locales qui rendent l'activité difficilement viable.

Il est vrai qu'elle n’a pas été bien reçue dans l’Hexagone. Les élus se sont inquiétés de voir les entrepôts où sont stockés la marchandise, surnommés les "dark stores", créer des nuisances et laisser place à des "villes-entrepôts", qui minent les ventes des petits commerces de proximité et laissent place à "l’économie de la flemme".

En mars, le gouvernement a alors décrété que les "dark stores" étaient des entrepôts et non des commerces. Dès lors, les mairies pouvaient procéder à des fermetures à condition que le Plan local d'urbanisme (PLU) interdise ce type d'activité à l’endroit où ils sont situés, ce qu’elles se sont empressées de faire, en particulier à Paris. Cela a évidemment compliqué l’activité des entreprises du secteur.

Un modèle économique intenable

Mais le modèle économique était de toute façon compliqué depuis la fin de la crise du Covid. Ni Getir ni Flink n’avaient trouvé leur rentabilité en France depuis leur arrivée. Malgré un chiffre d'affaires cumulé des trois enseignes (Getir, Gorillas et Frichti) de l'ordre de 120 millions d'euros en 2022, la filiale française de Getir avait accumulé 200 millions d’euros de dette fin mars 2023.

Le modèle comprend des coûts d'acquisition et de livraison du client très élevés, des loyers particulièrement onéreux de par la nécessaire position stratégique des dark stores en centres-villes, alors que les paniers moyens sont assez bas. En fait, les acteurs du quick commerce tenaient jusqu’à présent grâce à des levées de fonds, mais ne peuvent plus compter dessus maintenant que les investisseurs se sont détournés des start-up déficitaires et que le coût de la dette a augmenté.

Quoi qu’il en soit, tout ou partie de la filiale française de Getir va donc être cédée, reste à savoir à qui. Il n'y a plus autrement, désormais, aucun acteur spécialisé présent sur le marché français. Uber Eats et Deliveroo, toujours actifs sur la livraison de courses, ne sont pas bâtis sur le même modèle.

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