Mobilisation sociale sans précédent autour des salaires chez Amazon France Logistique

Les négociations annuelles sur les salaires tournent au vinaigre chez Amazon France. Pour la première fois, l'ensemble des grands centres logistiques se sont mis en grève simultanée en début de semaine, à l'appel de cinq organisations syndicales.

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Mobilisation sociale sans précédent autour des salaires chez Amazon France Logistique
Le centre logistique d'Augny près de Metz.

Alors qu'un premier syndicat vient de voir le jour chez Amazon aux Etats-Unis, la filiale française est confrontée pour la première fois cette semaine à des grèves et débrayages simultanés dans l'ensemble de ses centres logistiques. Ces mouvements lancés par l'intersyndicale (CGT, CAT, CFE-CGC, CFDT, Sud) ont touché lundi 4 et mardi 5 avril les huit grands sites d'Amazon France Logistique: Brétigny-sur-Orge, Boves, Saran, Montélimar, Lauwin-Planque, Metz, Senlis, et Sevrey. Des opérations de filtrage des camions ont été organisées. 1200 salariés ont débrayé entre dimanche et mardi, ont indiqué des sources syndicales à l'AFP.

Amazon a précisé que ce mouvement n’avait "pas d’impact sur l’activité quotidienne des sites et sur le service délivré aux clients d’Amazon". Amazon France Logistique emploie 12 400 personnes en CDI en France.

L'intersyndicale revendique 5% d'augmentation
La contestation est née mi-mars dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO) 2022, pour réclamer des "augmentations de salaires en adéquation avec au minimum l'inflation et digne de l'entreprise la plus riche du monde", peut-on lire sur la page Facebook de la CGT d'Amazon France Logistique. Une troisième réunion doit avoir lieu le 14 avril.

Pour l'heure, Amazon propose une augmentation de 3% des salaires pour les trois premiers échelons (la proposition initiale était de 2%), la reconduction de la prime de fin d'année, l'augmentation de l'indemnité de départ à la retraite (mais l'entreprise a supprimé un guichet de départ qui était plus favorable), et de nouveaux avantages pour certains techniciens (IT, maintenance). Les syndicats demandent une augmentation générale de 5% minimum.

Rattrapage des minima par le Smic
"Jeff, t'es bien mignon de nous avoir remerciés de t'avoir permis de voyager dans l'espace, mais nous, salariés, aimerions pouvoir vivre correctement et non survivre", affiche un tract de l'union syndicale daté du 31 mars. Un autre tract, appelant à la grève du 4 avril, argumente qu'"Amazon n'a eu de cesse de nous rappeler que nous étions largement au-dessus du Smic, sauf que celui-ci va bientôt nous dépasser et la courbe va donc s'inverser".

Amazon, qui a annoncé début février la création de 3000 emplois en CDI en France en 2022, indiquait alors dans un communiqué que dans ses centres logistiques, au bout de 24 mois, la rémunération d’un préparateur de commande était supérieure de 26% au Smic. Les salariés d'Amazon se voient par ailleurs attribuer une action gratuite par an (son cours actuel est de 3200 dollars), et bénéficient d’un dispositif de participation. Mais avec l'augmentation prévue du Smic au 1er mai, le salaire horaire d'embauche sera ramené à moins de 50 centimes de plus que le salaire minimum. Dans une réaction officielle, Amazon souligne avoir proposé, "dans le cadre des négociations annuelles, des augmentations de salaire supérieures à la moyenne de la branche Transport et Logistique".
 


Les nouvelles implantations dans l'impasse
D'après un rapport sur les conditions de travail chez Amazon France Logistique établi en décembre 2021 par le cabinet Progexa, missionné par le CSE, et consulté fin mars par l'AFP, l'entreprise a augmenté la part variable des rémunérations de 11 à 18 % ces deux dernières années pour les ouvriers, contre 13% pour les cadres. Ce que le cabinet interprète comme une "précarisation de la rémunération". La rémunération globale aurait augmenté en moyenne de 4% entre 2019 et 2020. Progexa soulignait également dans son rapport le niveau alarmant de l'absentéisme dans certains centres logistiques, au-delà de 10% pour Lauwin-Planque et Montélimar en 2020.

Brétigny, Metz et Senlis sont les trois derniers grands centres logistiques ouverts par Amazon entre 2019 et 2021. L'entreprise n'a pas l'intention de s'arrêter là car il lui manque des capacités dans l'Ouest et le Sud-Est, comme l'explique le magazine Capital. Mais ses projets de nouvelles implantations ont été mis à mal dernièrement par le combat d'actions écologistes. Un permis de construire a été annulé à Belfort le 31 mars, après l'abandon d'un projet à Rouen le 24 mars. Deux autres cibles, dans le Gard et au sud de Nantes, sont également tombées à l'eau.

Mise à jour le 07/04/2022 à 17h15 : article complété avec une réaction officielle d'Amazon.

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