LES YOGAS SUTRAS DE PATANJALI (suite)
Comme je vous l'indiquais dans la newsletter de Novembre, Yamâ et Niyamâ sont les deux premières étapes de l'Ashtanga Yoga, le Chemin des Huit Etapes vers la réalisation de Soi.
Yamâ, le premier membre, concerne les normes éthiques et le sens de l'intégrité et vise notre comportement dans la société. C'est la fondation de la vie yoguique que l'on pourrait résumer par "Ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas que te l'on fasse".
Ces règles de vie en société sont au nombre de 5 et sont appelées "Les Grands Voeux Universels" :
1- Ahimsa signifie ne pas tuer ou blesser des êtres vivants en pensées, en sentiments, en paroles ou en actes, directement, indirectement ou par consentement. C'est la non-violence qui a guidée Gandhi toute sa vie. C'est l'amour universel enseigné par Jésus et Bouddha.
Dans notre pratique, c'est faire des postures sans blesser son corps, avec beaucoup d'amour, de respect et de sensibilité pour lui.
"Si quelqu'un est installé dans la non-violence,
autour de lui l'hostilité disparaît."
(Aphorisme II. 35)
2- Satya signifie la vérité, l'authenticité aussi bien vis à vis de soi-même que vis à vis des autres. C'est être vrai en toutes circonstances, avoir une vue impartiale sur les choses, les comportements, les événements.
Dans notre pratique, c'est être et rester vrai avec ce que l'on peut faire avec SON corps, sans comparaison avec les autres, sans jugement ni appréciation. Être juste là, dans SA vérité.
"Quand on est établi dans un état de vérité,
l'action porte des fruits appropriés".
(Aphorisme II. 36)
3- Asteya signifie le non-vol, la non-convoitise. C'est discerner ce qui est légitime de ce qui ne l'est pas (respect de la propriété, absence de vol, probité, honnêteté).
Dans notre pratique, c'est faire les postures sans chercher à posséder le corps (beauté, souplesse ou force) d'un autre. C'est "voler" la posture véritable en croyant pouvoir la posséder (par exemple toucher ses pieds dans Paschimottanâsana (la pince) en courbant le haut du dos alors que le bas du dos n'avance pas).
"Quand le désir de prendre disparaît, les joyaux apparaissent"
(Aphorisme II. 37)
4- Brahmacharya signifie qui mène au Brahman (l'Absolu). C'est le contrôle des sens et des passions. Par la continence du corps, de la parole et de l'esprit, on évite les comportements qui nous éloignent de notre Dharma (ce pour quoi l'on est fait).
Dans notre pratique, c'est faire appel à son énergie mentale et vitale plutôt qu'à son énergie musculaire pour "tenir" quand c'est long et difficile.
"Etre établi dans la modération donne une bonne énergie de vie".
(Aphorisme II. 38)
5- Aparigraha signifie ne pas s'encombrer de ce qui n'est pas nécessaire. Rester libre du superflu et des possessions (non-possessivité, non-avidité). C'est être libre vis à vis des biens matériels.
Dans notre pratique, cela se traduit essentiellement dans les ouvertures du corps, d'accueil. L'apprentissage de ces ouvertures nous aide à lâcher-prise sur nos émotions, sur nos croyances erronées, sur l'idée que nous possédons des bien matériels qui nous sont indispensables.
"Celui qui se désintéresse de l'acquisition de biens inutiles
connaît la signification de la vie."
(Aphorisme II. 39)
Les Yama nous guident donc sur la façon d'utiliser notre énergie en relation avec les autres, car les sages ont observé durant des centaines d'années que voler son voisin, médire de celui-ci ou mentir n'allait pas de pair avec l'accroissement de la paix en soi-même.
Ces règles peuvent être respectées par tous et en toutes circonstances. C'est un travail de chaque instant...sur votre énergie.