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Edgard Poaty - Le livreur qui aimait son métier

Coursier à vélo

Le futur de la logistique urbaine serait tellement plus simple si tous les livreurs étaient comme lui. Enjoué et d’une humeur que rien ne semble pouvoir altérer, il arrive comme un rayon de soleil dans le local d’une société de courses à vélo où nous avons rendez-vous. 

Patient, pédagogue, Edgard m’explique tout. Comment, conseiller clientèle dans le domaine bancaire sans perspectives d’évolution, il a commencé à faire des petits boulots complémentaires le soir pour mettre du beurre dans les épinards. Comment aussi, il y a 6 ans, il s’est essayé un peu par hasard à la livraison à vélo. Comment, très rapidement, il a eu un déclic : au bout de quelques mois à peine, il a quitté son CDI pour essayer d’être coursier cycliste à plein temps. Comment, si c’était à refaire, il recommencerait tout de la même façon, sans hésiter.

Il me raconte un métier qui semble fait de routines. En journée, Edgard jongle entre les applis - Deliveroo, Uber Eats et Stuart - auxquelles tout cycliste peut s’inscrire en libre connexion. Il attend “que ça tombe,” c'est-à-dire que les algorithmes lui assignent des commandes à livrer. Le soir, il fait des tournées de livraisons concentrées sur quelques arrondissements et prévues en début de semaine - pour TousFacteurs et KOL. Les deux systèmes ont leurs avantages et leurs inconvénients : “en libre connexion, on passe beaucoup de temps à attendre les courses, mais au moins on est sûrs que la personne qui a commandé est chez elle. Sur une tournée avec prise de rendez-vous, ça arrive plus souvent que les gens aient un empêchement, ou aient oublié, mais le travail est plus facile.” 


Il travaille tous les jours, certains plus que d’autres, et quatre à cinq soirs par semaine, de 19h à 1h du matin. En moyenne, Edgard gagne 2500€ nets par mois pour une semaine de travail qu’il estime entre 70 et 80 heures. Un salaire à mettre en regard de l’équilibre de vie qu’il a réussi à trouver, et de la sensation de liberté et d’indépendance que cette organisation lui procure.

Le matin, il emmène ses deux enfants à l’école. Il passe aussi avec eux la fin d’après-midi, avant de partir pour la soirée. Le week-end, il dit faire quelques livraisons entre les moments de famille et les soirs où son épouse et lui n’ont rien de prévu, mais jamais l’après-midi. Les vacances, quant à elles, ne durent jamais plus d’une semaine d’affilée : il craint de ne plus avoir sa place dans les algorithmes et dans les plannings à son retour. “Je n’ai plus besoin de faire plusieurs boulots, je n’ai jamais eu l’impression de compter mes heures, et j’aime savoir que les résultats ne dépendent que de moi,” déclare-t-il avec enthousiasme. Ivre de liberté et d’indépendance, ce grand sportif qui rêvait petit de devenir joueur professionnel de tennis enchaîne les courses sur son vélo avec plaisir et voit le bitume parisien défiler sous son guidon : ce sont près de 2000 kilomètres de pédalage qui s’affichent à son compteur chaque semaine. 

Du très beau 16ème aux cités mal famées,” Edgar a sonné à toutes les portes et d’après lui, “géographiquement, il n’y a pas de différences entre les clients.” Pourtant, il a tout de même établi une segmentation par tranches d’âge. Viennent d’abord les seniors, qui commandent peu, sont les plus polis et donnent même des pourboires, une rareté dans le secteur. Puis arrivent les jeunes actifs, qu’il divise en deux catégories : “ceux qui ne te regardent même pas, mais sont efficaces et rapides, et ceux qui pourraient avoir créé des syndicats de coursiers, qui te demandent si tu as un statut d’auto-entrepreneur, combien tu es payé et qui, bien contents d’avoir leurs courses dans les mains te disent “vous laissez pas exploiter, hein !”.” Enfin, il y a les étudiants, “Je les aime bien mais on les a trop habitués au service” : ceux qui ne disent pas merci, font attendre sous la pluie et postent des réclamations à tout va sur les applis. 

Ce qu’il y a de plus dur dans le métier ? Les intempéries bien sûr : rouler sous la pluie, dans le froid - mais cela semble si peu l’affecter, “Si on est mouillé, on sèche et voilà, on n’est pas au Canada non plus !” Les souvenirs des crevaisons et des livraisons ratées ne semblent pas non plus entacher sa bonne humeur. Une pointe de nostalgie apparaît tout de même, quand il évoque ses débuts dans le métier en 2015 avec Foodora, au moment où la livraison à vélo était si nouvelle que les coursiers se comptaient sur les doigts d’une main. Ils se reconnaissaient entre eux, aux feux rouges ou aux portes des quelques restaurants référencés, rigolaient des galères et se laissaient porter par une solidarité nouvelle - celle-ci a malheureusement aujourd’hui disparu, signe d’une massification du système dont l’équilibre économique reste pourtant encore à trouver.

Edgard Poaty: À propos

5 fun facts

Son film préféré : Wall Street

Sa citation préférée : La vie, ce n'est pas d'attendre que l'orage passe, c'est d'apprendre à danser sous la pluie.
L’époque de l’histoire où il aurait aimé vivre : L'Amérique des années 30, en pleine prohibition
Un endroit pour déconnecter : Dans un vol long courrier pour une destination lointaine

Un produit à commander : La raquette de tennis de Roger Federer

Edgard Poaty: Texte

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