Chères Auditrices, Chers Auditeurs,

Désormais, je laisse un peu le soleil se lever avant de vous écrire, d’autant plus maintenant que le bac de spécialité est passé car je fais la fête mieux que jamais. Disons qu’il ne reste plus que la pièce de théâtre de fin d’année à répéter et le bal de fin d’année à organiser, ce qui ne nécessite pas mon attention à 10 h un dimanche matin, et je me permets donc des écarts.

Je le rappelle à chaque fois, mais c’est essentiel ! N’attendez surtout pas de cette Gazette un résumé des épisodes de la semaine, et encore moins ce dimanche, car j’ai passé le bac de spécialité cette semaine, 2 épreuves de 4 h, et je me devais donc de réviser avant de le passer, ou au moins de faire semblant. Ce n’est que maintenant que je peux, après ces deux jours d’épreuves, penser à ma vie, penser la vie, sans la pression d’un écrit et d’un correcteur impersonnel. Je réfléchissais un peu à tous ces mails adressés à mon papa que je vois parfois passer, et que je lis par curiosité. Et j’ai été touché. Je vois à mon tour la reconnaissance qui lui est portée et je suis heureux de savoir que sa radio n’est pas encore vieille pour vous non plus. En revanche, vous êtes déjà nombreux à avoir peur de la fin qui arrive. He oui, le chemin avance et au fur et à mesure que cela passe, l’inconnu de la “Suite” prend de plus en plus de place. La question du moment étant : que va-t-il faire ensuite ? Mais vous voulez que je vous dise moi ce qu’il va faire ? J’aurais bien aimé venir avec un scoop dans ma gazette et me renommer Voici, ou PurePeople, mais je crois qu’il en sait aussi peu que vous, désolé. Les idées fusent évidemment, mais on les garde pour soi avant de leur faire vraiment confiance. Cependant, j’ai quelques idées moi, à vous partager.

L’entreprise familiale qui s’est mise en route pour ce podcast n’est pas née de la dernière pluie et c’est régulièrement que nous évoquions à table des idées de plans à mettre en œuvre. Je ne les ai pas oubliés, j’en rêve même un peu au fond de moi. Tout d’abord, je vous parlais il y a deux semaines du délicieux poulet de ma mère dont les fumets remontaient jusqu’à ma chambre... Et bien, il y en a d’autres de ces plats qui méritent d’être connus : aubergines aux anchois, Petits pois burrata, frites maisons... Stop, je salive. Et nous parlions donc d’un restaurant à construire ! Nathan, futur architecte, dessinerait les plans et le construirait ; Ulysse, le commerçant, s’occuperait des finances et des grosses opérations ; Zachou, le petit fou qui ne rêve que d’une bécane, un peu comme ce gamin dans le podcast qui riait au nez de Papa quand il lui parlait de faire du vélo, pourrait livrer les plats ; papa, lui, serait dans la salle pour accueillir les clients et faire le service ; maman en cuisine mijoterait tout ce qu’elle fait de meilleur. Et moi ? Bonne question, je ne sais pas encore si je serais plutôt chargé de faire venir du monde en plaidant la cause du restaurant à droite et à gauche, si je serais en salle ou en cuisine, à la caisse ou voiturier, mes envies fluctuent d’un jour à l’autre et je pourrais changer de rôle régulièrement. J’ai encore cette curiosité et cette envie précieuse de faire plein de choses avec mes mains dont je souhaite profiter. En effet, j’ai découvert hier que c’était une pierre précieuse d’être heureux. À 3 h du matin, j’ai lu le mail d’un monsieur, que j’imagine bien blond, grand et avec une barbe de 2 ou 3 jours, qui disait à papa vouloir faire le chemin avec sa fille pour récupérer sa joie de vivre qu’il aurait perdu.

Un petit choc pour le garçon innocent et naïf que je suis. Pourtant, je ne suis pas bête ni ignare, mais entendre quelqu’un me dire comme s’il était en face de moi, “j’ai perdu la joie de vivre”. Et bien mon cerveau a disjoncté. Je ne vous parle pas d’une tristesse passagère ici, mais bien d’une perte, comme on perd un proche, ou un papier d’identité et que l’on ne le retrouve pas. Où est-ce que vous cherchez si ça vous arrive un jour ? Je crois que c’est ça qui m’a étonné. Entendre quelqu’un que je lisais d’une manière joyeuse et plutôt enjouée, me dire qu’il l’avait perdu, he oui ! Perdu tout simplement, elle s’en est allée et elle fit son chemin à elle. Comme si vraiment elle avait pris ses jambes à son cou. Cette formulation cache, je pense, une vraie tristesse et blessure qui m’a donné le vertige. Je ne sais pas, ça me fait tout bizarre de me dire qu’en grandissant, on prend le risque de ne pas aimer la vie, de se retrouver à faire un métier qui ne nous plaît pas ou simplement de perdre la raison de vivre.

Alors j’espère cher monsieur, une chose : que vous la retrouverez sur le chemin, entre deux ronces, et à côté d’un escargot écrasé. Faire St-Jacques de Compostelle pourrait d’ailleurs être prescrit sur ordonnance à tous ceux qui doivent, un moment, penser à eux et cesser de se tracasser du monde environnant. J’en ai aussi des amis comme ça à qui cela ferait du bien, pour une fois, de ne pas avoir d’autres regards sur soi que celui de pèlerins dénudés de tout jugement. Je n’oublierai pas non plus la route à prendre si cela me tombe dessus un beau matin. Ils sont nombreux cette semaine, ceux qui ont fait le chemin pour digérer des histoires fortes. Rose De Lima, fille adoptée parti sans un rond qui dort où elle peut lundi. Moises, le Brésilien dont on a déclaré le frère mort trois fois et qui fait le chemin pour en remerciement le mercredi. S’en est suivi une tirade de mon père sur la libido que je n’ai pas forcément envie de vous retranscrire donc allez écoutez. C’est ma mère qui m’a dit que ceux qui n’avaient pas encore écouté les épisodes de cette semaine avaient beaucoup à entendre ! Parole de mère compte double et pour que le périple que nous traversons à la maison ne soit pas vain, suivez ses conseils.

À tous ceux qui partent en chemin suite à l’écoute du podcast :  Buen Camino ! Et bonne écoute aux autres, qui voyagez également depuis chez eux et à qui le podcast pourrait également être prescrit.

Merci de m'avoir à nouveau lu ! Pour découvrir les précédentes gazettes, c'est dans la catégorie épisodes que cela se passe. 

Léonard