Lettre info Europe-Unie.org | avril 2021 | C. Carreau |
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Le Brexit provoqua en 2016 la stupeur mais pas la résignation. La crainte d’un délitement de l’Europe, et un divorce aussi burlesque que hasardeux, devait marquer le coup d’envoi d’un renouveau européen. L’Europe se mit à innover. Avec le Règlement général sur la protection des données, elle ouvrait la voie avec un standard devenu une norme dans le monde. Elle mettait sur la table la première régulation au monde des géants du numérique. Elle confirmait et augmentait ses objectifs de neutralité carbone. Merkel et E. Macron lançaient une initiative en réponse à la crise sanitaire qui déboucha sur le plus grand plan de relance jamais engagé au niveau européen. Sans attendre une révision des traités, les 27 pays membres mettaient en commun leur dette et créaient une fiscalité et des ressources propres à l’UE. Alors que formellement l’UE ne détient qu’une compétence d’appui dans le domaine de la santé, la Commission agit vigoureusement à l’échelle du continent, les Etats lui ayant de facto délégué cette responsabilité qui s’impose. Face à la Chine, l’UE assume son rang de premier marché intérieur au monde et de puissance commerciale égale en négociant un grand accord sur les investissements. Elle opère un retournement spectaculaire au niveau diplomatique et politique vis à vis de la Chine, qui passe du statut de partenaire commercial bienveillant à celui de concurrent systémique et de violeur des droits de l’homme envers la communauté des Ouïghours. Le Parlement européen est parvenu récemment à un nouvel accord qui trace les grandes orientations du spatial de l'Union européenne pour les prochaines années - voir l’article ci dessous. Aux Pays-Bas, lors des élections sénatoriales de mars 2021, seules les forces politiques qui ont pris position sur l’Europe - pour ou contre - progressent. Le tout nouveau parti pro-européen VOLT entre au sénat, une première au niveau national. Quinze ans après le «non» néerlandais - et français - au projet de la Constitution européenne, l’Europe est redevenue un marqueur politique. En février dernier, la présidence Portugaise a lancé la Conférence sur l'Avenir de l’Europe. Les institutions européennes se donnent deux ans pour présenter les résultats aux gouvernements européens. Décidément, l’Europe s’est bien mise en mouvement. C’est maintenant aux européens de tous les pays d'entrer dans la danse ! Christophe Carreau |
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La prochaine présidence française se déroulera du 1er janvier au 30 juin 2022 (période qui correspond aux élections présidentielle et parlementaire françaises). D’ores et déjà, la France s’y prépare activement pour y lancer des projets ambitieux. Son secrétaire aux affaires européennes, Clément Beaune, précise dès aujourd’hui les 3 enjeux qui guideront son action. - la « Relance » économique et les investissements - la « Puissance », ou « autonomie stratégique », qui ne s’applique pas seulement à la défense et à la diplomatie, mais aussi et surtout à l’écologie, aux capacités de production, à la santé, au numérique, à la fiscalité.. - l’ « Appartenance » qui vise à susciter le sentiment d’apparence à l’Europe auprès des citoyens, à créer « ce lien entre nous qui nous manque ». |
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Depuis son entrée en vigueur en 2009, le traité de Lisbonne attribue désormais à l'Union européenne une compétence directe, pleine et entière pour tout ce qui a trait à l’espace, compétence qu’elle partage avec ses états membres. C'est l'occasion d'harmoniser les programmes nationaux et européen qui coexistent aujourd'hui, en un véritable programme spatial européen fédéré, et de lui donner l'élan dont l'Europe a besoin. L'Europe ne manque pas d'agences spatiales ni de compétences, qu'il faut préserver et utiliser là où elles existent. Le Parlement européen est parvenu en décembre 2020 à un nouvel accord sur le programme spatial européen qui trace les grandes orientations du spatial de l'Union européenne pour les prochaines années. Pour la période 2021-2027, une enveloppe de 14,8 milliards a été votée au budget de l'Union pour le programme spatial, soit presque 4 milliards supplémentaires par rapport à la période précédente (2014-2020). Ce règlement renforce les programmes phares de l’Union Européenne : Copernicus pour l’observation de la Terre, Galileo et EGNOS pour le positionnement par satellite (le « GPS européen »), GovSatCom pour les télécommunications sécurisées, ou le programme de surveillance de l'espace (SSA) pour suivre les débris spatiaux. De plus, il est prévu de développer et mettre en œuvre la constellation européenne de satellites quantiques qui permettra de rendre les télécommunications européennes plus sécurisées. Une Agence européenne du programme spatial, EUSPA (European Union Space Programme Agency), basée à Prague, est mise en place. Elle remplace l’ancienne agence « GSA » chargée de l'exploitation du système GPS et des applications pour les utilisateurs. La nouvelle agence sera de plus chargée de coordonner certains programmes financés par l’Union Européenne, notamment les plus sensibles comme les télécommunications sécurisées. De son coté, l'Agence spatiale Européenne ESA conserve ses programmes gouvernementaux, notamment les lanceurs Ariane, les missions scientifiques d'astronomie et d'exploration du système solaire, l'exploration robotisée de la planète Mars, l'observation de la Terre, les satellites de télécommunication, la coopération avec la NASA pour la station spatiale internationale et pour la future station orbitale lunaire. |
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En 2019, Angela Merkel et Emmanuel Macron lançaient une initiative en réponse à la crise sanitaire, qui déboucha sur le plus grand plan de relance jamais engagé au niveau européen. Sans attendre une révision des traités, les 27 pays membres ont non seulement mis en commun leur dette mais ils ouvrent la voie à une fiscalité européenne en créant des ressources et des taxes propres à l’UE. Ce qui en fait un acte révolutionnaire, au point que certains le qualifient déjà de fondateur pour la construction européenne comme le moment "Hamiltonien" tant attendu. Nous sommes bien loin des atermoiements de la crise financière de 2008 et de la crise grecque de 2010. @ValerieHayer #UE #NextGenerationEU |
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Avec le #Brexit, les Britanniques viennent d'obtenir la liberté d'édicter leurs propres normes nationales. Ils peuvent donc en théorie diverger des normes de l'#UE. Si ils le font, ils se fermeront les portes du gigantesque marché de l'Union européenne, l'une des principales puissances commerciales mondiales avec ses 450 millions d'habitants, et vers laquelle ils écoulaient l'année passée plus de 50% de leurs exportations ! Tout comme la Suisse, le Royaume Uni #UK va donc procéder à un "copier/coller" scrupuleux des normes de l'UE, en ayant abandonné au passage tout pouvoir de décision et d'influence sur les politiques de l'Union. Ce qui incidemment, a permis un réveil des initiatives et des plans communautaires depuis 2020, auxquels le Royaume Uni s'était jusque là farouchement opposé. Le Brexit semble avoir libéré la progression de la construction communautaire. |
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Bien que le débat ait été vigoureusement lancé et entretenu par le président français E. Macron et sa ministre des armées F. Parly, l’autonomie stratégique européenne suscite de fortes réticences en Allemagne, de par la voix de son ministre de la Défense A. Kramp-Karrenbauer, qui n’y voit qu’une illusion. Cette dernière a récemment été rejointe par le ministre italien de la Défense qui lui aussi rejette l’idée d’une quelconque autonomie à l’Europe en matière de défense. Ces pays tiennent absolument à ce que les Etats-Unis, et eux seuls, restent les garants de la sécurité du continent Européen. A la limite, un renforcement des capacités des forces européennes est envisageable, sans velléité de supplanter les USA dans ce domaine. Rester inféodé aux Etats-Unis d’Amériques a un coût diplomatique, politique et économique considérable. L’Union Européenne va devoir s’aligner sur la politique étrangère et commerciale des USA dans leur lutte contre la montée en puissance de la Chine. Cela passe bien sur par l’achat de matériel militaire américain, mais cela touchera aussi le sujet sensible de la taxation des GAFA en Europe, ou de l’implantation de la 5G sans technologie chinoise. L’OTAN, et les pays Européens qui s’abritent sous son parapluie, passent ainsi d’une guerre froide contre l’URSS à la nouvelle confrontations qui monte en puissance contre l’Empire du milieu. |
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