PILGRIMYSTIC POST N°8

 

On ne peut et ne devrait pas plaire à tout le monde,

parce que "l'enfer c'est les autres"

Salutations cher lecteur 

 

Il est de notoriété commune qu'on ne peut pas plaire à tout le monde.

Certes, pour autant, il semble tout aussi courant que la majorité des humains souffre de blemmophobie (peur du regard des autres), et donc tente, pour calmer cette souffrance, d'être bien vu d'autrui, et donc d'en être aimé, de plaire.

 

En effet, le lien de causalité ainsi exposé semble une évidence, et je partirai de ce postulat. Car j'ai peine à croire qu'on cherche à plaire ex nihilo, si on n'a aucun intérêt en-dehors de celui d'être bien / heureux.

 

J'avais envie de partager avec vous, non seulement la vanité de vouloir chercher à plaire, à tout le monde, voire à une seule ou peu de personnes d'une part, et la nécessité de l'Homme libre, du philosophe, de ne jamais chercher à plaire à autrui, d'autre part.

 

La volonté, ou plutôt le besoin de plaire à autrui est propre à l'animal domestiqué. L'Homme social, par opposition à l'Homme sauvage, est un animal domestique, au même titre que le chien domestique.

Si le chien a besoin de plaire à son maître / gardien, c'est pour gagner une récompense, qu'elle soit alimentaire, sécuritaire, de jeu, ou de tendresse.

Il en est de même, à aucune exception près pour l'humain.

 

Vouloir plaire à autrui, c'est vouloir une récompense de cet autre que soi.

 

Jusque là, et tant que tout ce mécanisme est conscient, juste, et bon, ma foi, il s'agit d'un contrat tacite (ou non), semblable à une transaction commerciale, la plus simple et compréhensible de tous.

 

En effet, un commerçant qui sait plaire à ses clients, recevra plus d'argent que le commerçant concurrent, vendant la même marchandise. Il aura été plus plaisant d'aller chez l'un que chez l'autre, et les récompenses ainsi distribuées ne sont que justice et justesse.

 

Là où les choses se complexifient et mènent inévitablement à faire des choix, et donc à renoncer à quelque chose (car "choisir c'est renoncer"), c'est lorsque faire plaisir à quelqu'un, nécessite de déplaire à quelqu'un d'autre.

Le pire étant, lorsque pour faire plaisir à quelqu'un, je dois me déplaire, voire me nuire.

 

À ce stade, il semble évident pour tout être humain indépendant, sage et heureux, que son bonheur prime tout le reste.

Sauf que la connaissance, et la pleine conscience du mécanisme de récompense systématisé dès la plus tendre enfance, sont rares.

En effet, il est d'une logique pavlovienne d'être gratifié, récompensé, félicité par autrui dès qu'on lui a fait plaisir, dès qu'on a accédé à sa demande ou qu'on lui a fait plaisir, sans même qu'il l'ait demandé.

 

À ce propos, je me permets une petite incise, qui vous mènera si vous le souhaitez, à la lecture d'un article de mon blog, que je trouve fondateur, quant aux jalons de l'indépendance, et de l'estime de soi qu'il permet de mettre en place, il s'intitule "Aide toxique", dont voici un court extrait ci-dessous :

 

Aide Toxique

 

"Me voilà armée de deux croyances fondamentales, a priori paradoxales, mais qui s’alimentent parfaitement pour faire de moi l’actrice du propre piège dans lequel je me suis trouvée enfermée, à savoir, celui du conseil, et de l’aide qu’il est nécessaire de demander pour progresser, m’élever et enfin appartenir à l’élite, afin de ne plus être dominée…

 

En effet, j’ai bien souvent souffert des conseils et de l’aide que j’ai cru bon de demander. Je ne dis pas ici que toute aide ou tout conseil, avis seraient toxiques. Cependant, une bonne partie de ceux qu’un apprenti reçoit, qu’il les ait sollicités ou non, lui sont toxiques."

 
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Faire véritablement plaisir à autrui, c'est probablement se faire plaisir à soi d'abord, et que ce plaisir ainsi acquis par soi-même, rayonne et satisfasse l'autre...

En étant et non en faisant.

 

En ce qui concerne l' "autre" / "autrui", nombre de philosophes en ont parlé, et jamais en de très bons termes... Encore que Rimbaud, dans une de ses lettres à son professeur Izambard écrira la très célèbre formule : "Je est un autre", que je me dois de contextualiser au moins dans sa phrase complète : " C'est faux de dire je pense. On devrait dire ON me pense. Pardon du jeu de mot : je est un autre."

 

Ayant expédié la justification de l'inutilité de vouloir plaire à tout le monde, me voici désormais développant la nécessité de refuser plaire à autrui, excepté soi, encore que...

 

C'est grâce à Sartre, Rimbaud, Hobbes, Camus, Kant, Fanny Burney (par l'entremise de Jane Austen), Socrate, Épictète et tous ses potes stoïciens, entre autres, que je propose ici ma vision de la critique et du jugement (de soi et d'autrui).

Car oui, sous ce titre un peu racoleur, qui juxtapose le nom d'une émission télévisuelle, que je n'ai jamais vue, des années 2000 (Fogiel), et une fin de réplique d'une pièce de théâtre de J.P Sartre (Garcin : "L'enfer c'est les autres", Huit clos, 1957), j'ai envie de partager ma vision de la chose, et aime rassembler tous ceux qui m'ont permis de trouver une solution face aux regards, critiques et jugements des autres.

 

Pour faire simple, et rester dans l'esprit instantané de ces missives hebdomadaires, je vais vous présenter ici les fondamentaux, à savoir, le sens que donne à la vie heureuse, et sans trouble (ataraxie), mes premiers maîtres à penser : les stoïciens.

 

Dans son Manuel, Épictète distingue ce qui dépend de nous de ce qui ne dépend pas de nous (notion cardinale du stoïcisme) : «parmi les choses, certaines dépendent de nous, d’autres non ». Dépend de nous ce qui dérive de notre jugement : « la pensée, l’impulsion, le désir, l’aversion – bref, tout ce en quoi c’est nous qui agissons ». En revanche, « ne dépendent pas de nous le corps, l’argent, la réputation, les charges publiques, tout ce en quoi ce n’est pas nous qui agissons ».

 

Puisque pour être heureux (au sens premier) l'Homme doit être libre / indépendant (et la liberté, Épictète, en tant qu'ancien esclave, affranchi, il la connaît !), c'est sa vision du monde qui va le rendre ou non heureux, en dépit des choses sur lesquelles il n'a aucun pouvoir, et en utilisant à bon escient son pouvoir d'action sur les choses qui dépendent de lui. C'est donc celui qui ne donne aucune importance à ce qui ne dépend pas de lui, qui est pleinement libre.

 

Dans ce cas, on peut se demander comment être heureux, si on a prévu de déjeuner dehors alors qu'il pleut à verse ? Hé bien tout simplement en acceptant qu'on n'a pas de prise sur la météo, que celle-ci ne dépend pas de nous, et qu'en acceptant l'ordre et la raison du monde, on reste libre de déjeuner sous la pluie, ou de se mettre à l'abri pour profiter du bruit et de l'atmosphère doucereuse que nous offre ce caprice du temps.

 

Être libre, c'est pouvoir faire des choix et agir en conscience pour atteindre le bonheur, et ainsi renoncer à ce qui pourrait nous causer du mal.

Ainsi, celui qui passe son temps à vouloir faire plaisir au plus grand nombre, en a le droit, encore faut-il qu'il en soit conscient, mais surtout, il n'est pas libre, il est esclave ! Il est dépendant de la satisfaction, du plaisir d'autrui, en fonction de son action / comportement, parfois même, il en est dépendant financièrement émotionnellement, etc.

 

Enfin, la parole de Garcin, dans Huit clos, "L'enfer c'est les autres", Sartre lui-même a reconnu qu'elle n'a pas toujours été bien comprise. Je la partage, et pourtant ne suis pas misanthrope. En effet, le problème que soulève ici le dramaturge, ce n'est pas un "autre" nécessairement malveillant, et mal intentionné à notre égard, seulement le fait qu'il est autre est problématique, car il n'est pas moi, Garcin dit également "Tous ces regards qui me mangent...", car l'autre me juge, me regarde, et ça ce n'est pas agréable, d'où le choix salvateur de la solitude, à mon sens salvatrice, et régénératrice d'avant toute immersion dans le monde, là où d'autres autres s'adonneront à mon jugement, et là où moi aussi, inévitablement (ou presque) ferai de même.

 

Avant de me noyer dans de plus longues démonstrations que j'adorerais vous exposer comme justifications de la liberté nécessaire au bonheur, je me décide à conclure cette lettre !

 

En partant du principe que pour être heureux, et connaître l'ataraxie, il faut être libre et indépendant, je pense qu'il faut renoncer à vouloir faire plaisir, à vouloir plaire à quiconque, mis à part son véritable soi, si tant est qu'on puisse le connaître et non pas tomber dans le piège d'un alter ego, biberonné à la satisfaction d'autrui pour ne pas souffrir de la honte (résultat du regard d'autrui), et dépasser l'image d'un simulacre d'orgueil dès lors qu'il s'agit de s'estimer soi-même pour soi-même, sans tenir compte, des critiques justifiées ou non à notre encontre, ou notre création.

 

Peut-être est ce là un cri du coeur de l'artiste que je suis.

Ayant à coeur la liberté de créer, et encore plus, celle d'être, je réitère et renouvelle ici mes choix de n'être guidée que par moi-même.

 

C'est un immense plaisir pour moi, que de partager avec vous (chaque semaine de plus en plus nombreux, merci), les idées et pensées qui m'animent.

C'est également avec plaisir que j'accueille vos critiques (louanges et reproches), tout en tâchant, en stoïcienne, de ne pas leur accorder une importance qui entraverait ma liberté, mais en acceptant volontiers toute critique justifiée, qui pourrait me rendre meilleure, comme le dit Marc-Aurèle : «Si l’on peut me convaincre et me montrer que je juge ou que j’agis à tort, je serai content de changer; car je cherche la vérité, qui ne peut être un dommage pour personne; or celui qui persiste dans son erreur ou son ignorance subit un dommage.» (Marc-Aurèle, Pensées, VI, 21).

 

Cependant, distinguer une critique justifiée d'une autre injustifiée, n'est pas toujours aisé, et c'est aussi pour cela que je fuis les réseaux sociaux contemporains... mais c'est une autre histoire !

 

 

En vous souhaitant un merveilleux Chemin,

Que la Paix soit sur vous,

 

Habiba

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