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Flambée des carburants : le transport routier demande des aides d'urgence

Selon les fédérations patronales du transport routier, les trésoreries des entreprises du secteur sont exsangues. Le prix du gaz pour véhicules a explosé nettement plus que celui du gazole, et la profession attend des aides d'urgence du gouvernement.

Le secteur du transport routier était déjà confronté à une pression inflationniste sur ses coûts de production, jusqu'au déclenchement de la guerre en Ukraine qui a tout amplifié.
Le secteur du transport routier était déjà confronté à une pression inflationniste sur ses coûts de production, jusqu'au déclenchement de la guerre en Ukraine qui a tout amplifié. (DAVID ADEMAS/PHOTOPQR/OUEST FRANCE/MAXPPP)

Par Denis Fainsilber

Publié le 11 mars 2022 à 15:35Mis à jour le 14 mars 2022 à 19:48

Après la pénurie de chauffeurs, une inflation générale de leurs coûts de production et un allongement record des délais de livraison des camions neufs (un an en moyenne au lieu de quatre mois), les transporteurs routiers sont désormais aux prises avec la flambée historique des carburants . L'annonce d'une aide de quinze centimes par litre à la pompe ,pour les professionnels comme les particuliers, arrive alors que beaucoup se demandent comment ils tiendront d'ici à l'été.

« La guerre en Ukraine est venue amplifier de façon exponentielle une tendance déjà préexistante », dit-on au siège de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR), une des organisations qui demandent depuis plusieurs jours des mesures d'aides d'urgence aux pouvoirs publics. Depuis janvier 2021, le prix du gazole a doublé, tandis que celui du gaz pour camions (GNV) a explosé sur la même période de 800 %, ce qui pose déjà un réel problème pour cette nouvelle filière plus écologique . « Aujourd'hui, toutes les flottes roulant au gaz restent sur les parkings », selon la fédération patronale.

Lettre ouverte à Matignon

« Le problème posé est simple : comment continuer à faire rouler les camions pour l'approvisionnement du pays ? Dès que la cuve d'une entreprise de transport sera vide et qu'elle n'aura plus de trésorerie, elle ne pourra plus faire circuler ses véhicules… » Dans cette profession qui compte de nombreuses PME, les marges sont très serrées : elles sont généralement de 1,5 % en moyenne, quand tout va bien.

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Mardi dernier, les fédérations professionnelles (FNTR, Union TLF, OTRE, et FNTV pour les transports de voyageurs) ont adressé une lettre ouverte au Premier ministre, Jean Castex, demandant que le transport routier soit inclus dans le « plan de résilience » en préparation, qui demande de délicats arbitrages gouvernementaux. Et les premières pistes communiquées dans la foulée par le cabinet du ministre des transports ne les rassuraient aucunement.

« Les entreprises sont exsangues, les trésoreries vides et les perspectives très sombres. Ces hausses sans précédent font s'interroger de nombreux transporteurs sur leur capacité à continuer à assurer leur mission de transport sans travailler durablement à perte. Les défaillances d'entreprises vont se multiplier », préviennent les organisations.

L'effet de ciseaux est tellement fort que la profession n'attend guère quelques mesures sur la trésorerie ou des moratoires sur les charges fiscales, mais plutôt « des aides directes immédiates ». Certes, les transporteurs disposent d'une clause d'indexation, prévue dans le Code des transports, pour répercuter les hausses des carburants sur les factures de leurs clients chargeurs. Mais cette disposition contractuelle « n'est en rien automatique », et la rapidité des hausses du baril provoque des décalages en termes de règlement, ajoutent les transporteurs.

Baisse des avantages fiscaux

De plus, le choc pétrolier et gazier vient entrer en collision avec la trajectoire fiscale du gouvernement sur le carburant professionnel, récemment durcie pour pousser au verdissement des flottes . Depuis la loi de finances 2020, les professionnels ont perdu deux centimes au litre sur leur abattement fiscal (TICPE), et la loi Climat et Résilience prévoit la fin de l'avantage fiscal restant (15,71 centimes par litre) à horizon 2030. Une disposition votée à une période où aucun expert ne prédisait un baril à 200 , voire 300 dollars…

Cette explosion tarifaire ne se cantonne pas à l'Hexagone. L'Union internationale des transports routiers (IRU) tire aussi le signal de détresse. « Presque tout ce qui est consommé, porté ou utilisé par la population mondiale est transporté par camion. Si la hausse des coûts du transport routier n'est pas contenue de toute urgence, en plafonnant les prix du carburant et en réduisant les taxes sur le carburant pour les opérateurs, toutes les communautés et tous les secteurs de l'économie mondiale risquent de graves conséquences inflationnistes », alerte Umberto de Pretto, secrétaire général de l'IRU.

Denis Fainsilber

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