Comme nous faisions remarquer dans le précédent numéro du Bulletin de veille technologique du CRTÉ de l’ENS de Maroua, le « tableau noir » n’est pas resté statique après son invention. Au contraire, il a subi, au gré de l’évolution technologique, des transformations grâce auxquelles il a été capable de répondre aux besoins de la formation des apprenants.
D’abord l’imprimerie, qui a permis de créer des cartes et des croquis que l’enseignant suspend au mur ou aux crochets fixés sur des tableaux noirs. Ces nouveaux types de tableau, en couleur, permettent à tous les élèves d’une classe de profiter d’images de grande qualité conçues minutieusement par l’enseignant. Avec ces cartes et croquis, il est possible de faire des apprentissages collectifs et des analyses dirigées par le professeur. Loin d’être éphémères, ces « tableaux » sont néanmoins encombrants et difficilement stockables et ne permettent pas d’y ajouter de nouvelles informations.
Ensuite, les progrès de l’optique, qui rendent possible la diffusion massive de nouvelles machines dans les salles de classe. Apparaissent alors les projecteurs de diapositives utilisables dans la quasi-totalité des matières scolaires. Dérivée de la photographie, la diapositive permet de montrer aux élèves des images de situations et lieux (peintures, sculptures, paysages, monuments, flore, faune, etc.) qu’ils n’auraient sans doute, faute de cet outil, peut-être jamais vus. Mais comme pour les cartes, le rajout d’informations est aussi quasiment impossible.
Puis, apparaissent, un peu plus tard, les rétroprojecteurs qui, associés à la reprographie, permettent de créer des transparents de qualité, que l'on peut très facilement modifier in situ à l'aide de feutres transparents. Il était aussi possible de prévoir des animations en empilant des transparents préparés à l'avance. Si les rétroprojecteurs ont l’avantage de ne pas être éphémères et d’être rappelés à volonté, leur classement n’est pas toujours aisé.
Enfin, arrivent les médias et télécommunications, grâce auxquelles les premiers outils vidéos apparaissent dans les salles de classe. L’association technique du téléviseur et du magnétoscope permet de présenter un document ou un reportage de manière fractionnée, de le visionner plusieurs fois, partiellement ou dans sa globalité, en fonction des besoins pédagogiques du moment. Ces supports numériques et informatiques permettent de stocker indifféremment du texte, de la photographie, des images animées, du son, des schémas ou des animations.
Mais c’est avec l’apparition des vidéoprojecteurs que ces supports numériques peuvent être efficacement diffusés. La combinaison de la projection et du tableau vert trop réfléchissant a aussi conduit à des actions simples telles que la schématisation d'une image et l'addition d'informations, de telle sorte qu’avec l’extinction de la projection, apparait, seul sur le tableau, le travail ajouté à la craie ou au feutre. Ces annotations supplémentaires ne peuvent malheureusement pas être conservées par cette association ordinateur-vidéoprojecteur.
Sans oublier le Tableau Interactif qui est actuellement la dernière étape de l’évolution du « tableau». Associé au duo ordinateur-vidéoprojecteur, celui-ci peut être très simplement défini comme la synthèse technique rigoureusement exhaustive de l’ensemble des diverses fonctionnalités des différents types de « tableau ». Le tableau numérique superpose et unit l’espace physique d’écriture d’un tableau traditionnel et l’espace physique de commande et de diffusion visuelle d’un écran d’ordinateur. En terme d’usage et de commande, cela signifie que la craie et la souris fusionnent en un seul et même objet dédié à cette double fonction d’écriture et de sélection de documents. La nature numérique de ces derniers garantit l’universalité des médias utilisés (son, image, vidéo, textes) et des conditions optimales de conservation et de transfert.