Vous imaginez une pilule qui permettrait de réduire de 50% l’incidence du delirium et qui ne présenterait aucun effet secondaire ! Cette pilule existe et elle est gratuite ! En effet, il suffirait de faire marcher les patients lors d’une hospitalisation pour permettre de réduire l’incidence du delirium.
Parfois, on pense que les patients ne marchent pas, car ils n’en ont pas la capacité. Une étude démontre le contraire… Cette étude réalisée auprès de patients âgés en mesure de marcher montre que ceux-ci sont restés en position coucher dans leurs lits 83% du temps. Ils étaient assis le reste du temps, car la position debout n’occupait que 3% du temps ou si vous préférez 43 minutes sur les 24 heures: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19682121 Ceci indique qu’il y a davantage de patients âgés en mesure de marcher que les cliniciens ne le croient.
Il faudrait donc prendre le temps d’encourager les patients à marcher. À ce sujet, il a été démontré que c’est possible d’accroitre la fréquence de la marche en milieux hospitaliers par un programme préventif bien soutenu par la direction : http://nurse-practitioners-and-physician-assistants.advanceweb.com/Features/Articles/Mobility-Delirium.aspx
Si le personnel soignant manque de temps pour mettre en place un tel programme, il faudrait au moins le prioriser chez les patients âgés les plus à risque de développer un delirium. En effet, il a été démontré que ce sont uniquement les patients dont le risque de développer un delirium est modéré ou élevé qui retirent des bénéfices des interventions préventives. Pour les patients âgés à faible risque de delirium, le fait d’appliquer ou non les interventions préventives n’a pas d’impact sur l’incidence du delirium: http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0123090
Pour bien expliquer la signification du dernier paragraphe, prenons l’analogie du cholestérol. Pour une personne végétarienne qui est une athlète de haut niveau, son taux de cholestérol ne sera pas vraiment affecté si elle décide d’ajouter à son régime de vie cinq marches de 30 minutes par semaine. À l’inverse, pour une personne qui a un important surplus de poids et dont l’alimentation est déficiente, il est démontré que de débuter la marche aura des bénéfices notables chez elle :
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28794207
En somme, il faut motiver les patients âgés à marcher. Il faut faire attention à notre désir de protection qui peut nuire parfois à la vigueur de nos encouragements…