Qu’est-ce que les citoyens québécois veulent comme milieu d’hébergement s’ils sont atteints de la maladie d’Alzheimer? Veulent-ils un milieu qui promeut la liberté ou la sécurité? Quels sont les points de vue des gestionnaires? Des proches aidants? Les résultats d’une étude réalisée par mon équipe de recherche viennent d’être publiés dans la revue la Gérontoise et offrent des réponses à ces questions (https://aqiig.org/revue/).
S’ils étaient atteints de la maladie d’Alzheimer et vivaient en centre d’hébergement, les citoyens souhaitent-ils de la liberté ou de la sécurité? Voici quelques résultats éclairants (n=2157, échantillon aléatoire):
- 59% des citoyens ne voudraient pas subir une diète sans sel, même si elle était bénéfique à la santé de leur cœur
- 72% des citoyens voudraient avoir un foyer dans le milieu d’hébergement, même s’il y a un risque de brûlure
- 50% des citoyens voudraient pouvoir continuer à boire du vin, même s’ils ont une maladie du foie
- 90% des citoyens voudraient des loisirs plus personnalisés même si ceux-ci comportent des risques de blessures
- 82% des citoyens voudraient pouvoir apporter leur animal de compagnie, même s’il y a un risque de morsure
- 63% des citoyens voudraient de la flexibilité dans les soins, même s’ils ne recevaient pas leurs médicaments à l’heure juste
- 72% des citoyens voudraient avoir la liberté de circuler seule dans la cour extérieure, même s’ils risquent de se blesser…
Ces résultats nous démontrent que nos milieux de vie doivent offrir plus de liberté afin d’accommoder les besoins des résidents. Si vous avez fait de la moto et du parachute dans votre vie, il peut être difficile d’accepter qu’on vous empêche de circuler seul dans la cour extérieure alors qu’il y a un risque de chute… C’est probablement un risque que vous acceptez de prendre…
Autres résultats à considérer, face à 11 différents scénarios où la liberté et la sécurité sont mises en opposition, 66% des citoyens préfèrent la liberté, 94% des gestionnaires des milieux d’hébergement préfèrent la liberté et 87% des proches aidants préfèrent la liberté…
Le seul facteur associé à la préférence de la liberté versus la sécurité, avoir un proche atteint de la maladie d’Alzheimer. Ainsi, plus on connaît la maladie, plus la liberté est sélectionnée. D’ailleurs, 94% des gestionnaires de CHSLD préfèrent la liberté… Ceci s’explique probablement par le fait que les gestionnaires sont témoins de l’effet de la rigidité des soins sur la prévalence des problèmes comportementaux et de la détresse psychologique. Enfin, il faut reconnaître que 34% des citoyens vont préférer la sécurité. Il faudra ainsi toujours offrir des milieux de vie qui correspondent à ces valeurs.
Je vous invite à lire l’article, car cette infolettre ne rend pas justice à la richesse de son contenu. Si vous n’êtes pas abonnés à la revue, voilà une bonne raison d’encourager notre association!
Source : Voyer, P., Allaire, É., Carmichael, P.H. (2021). Sécurité ou liberté en hébergement pour une clientèle atteinte de problèmes cognitifs? Enquête sur les préférences des Québécois. La Gérontoise, 32(1), 11-23.