La membre des Pussy Riot Maria Aliokhina fuit la Russie déguisée en livreuse à vélo

Maria Aliôkhina à Sao Paulo, au Brésil, 30 janvier 2020.

Maria Aliôkhina à Sao Paulo, au Brésil, 30 janvier 2020. FERNANDO BIZERRA JR./EFE/SIPA / FERNANDO BIZERRA JR./EFE/SIPA

Pour échapper à la vigilance des policiers après avoir été condamnée à de la prison ferme, l’opposante de Vladimir Poutine s’est déguisée en livreuse à vélo et a rejoint la frontière lituanienne.

« Je ne pense pas que la Russie ait encore le droit d’exister. » Ces mots, ceux de Maria Aliokhina, opposante de longue date de Vladimir Poutine, résonnent depuis Vilnius, en Lituanie, où la militante artiste et membre du groupe Pussy Riot s’est réfugiée après avoir fui illégalement la Russie, déguisée en livreuse à vélo. Dans un entretien accordé au « New York Times », le 10 mai, elle revient sur son évasion et les raisons qui l’ont poussée à fuir le régime de Vladimir Poutine.

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L’activiste avait protesté contre les positions de l’église orthodoxe de Russie, étroitement liée au Kremlin et soutien de la guerre en Ukraine. Le leader de cette même église avait béni les troupes russes en partance pour le front.

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Maria Aliokhina avait également été condamnée à un an de « restrictions » de libertés en septembre dernier pour avoir appelé à manifester contre l’arrestation d’Alexeï Navalny.

Durcissement des lois contre les opposants

Parallèlement, pour faire taire les opposants qui, comme elle, manifestaient ouvertement leur désapprobation à l’égard de la guerre en Ukraine, l’exécutif russe a fait voter une loi prévoyant un important durcissement des sanctions à l’encontre des dissidents. Au lieu des traditionnelles « restrictions de libertés », elle devrait désormais endurer la prison ferme, d’après une décision prise au tribunal lors d’une audience à laquelle elle ne s’est pas rendue. Le chef d’accusation ? « Propagande et diffusion de symboles nazis ».

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Pour échapper à la prison, à la surveillance quotidienne et à la pression des autorités, la trentenaire a fui le pays déguisée en livreuse à vélo. Comme dans un « roman d’espionnage », a-t-elle raconté aux journalistes.

Emmitouflée dans une veste à capuche vert fluo et équipée d’un sac de livraison de la même couleur, l’uniforme caractéristique d’une enseigne de livraison à domicile populaire en Russie, l’activiste a quitté le pays en déjouant la surveillance policière. Pour ne pas être tracée, elle a abandonné son téléphone portable chez elle.

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Arrivée en Lituanie

Ensuite, raconte-t-elle, des amis l’ont déposée en voiture à la frontière Biélorusse, où elle a tenté trois fois de passer la frontière. Après deux échecs où elle s’est fait refouler par des gardes qui, ironiquement, l’ont bien traitée, pensant qu’elle était européenne et non russe, Maria Aliokhina a réussi à passer la frontière et à rejoindre d’autres activistes à Vilnius, en Lituanie où elle est aujourd’hui installée avec sa compagne, Lucy Shtein, qui a fui la Russie dans les mêmes conditions, en avril dernier. « Un moyen facile d’échapper aux flics à votre porte », s’est amusé cette dernière, dans un post Instagram la montrant équipée du même déguisement.

Maria Aliokhina s’était fait connaître des autorités russes notamment grâce à son groupe punk Pussy Riot, qui protestait aux côtés de Navalny contre le régime de Poutine. En 2012, elle avait été condamnée à deux ans de prison pour « hooliganisme ». Les deux femmes, toujours en cavale en Lituanie, ont obtenu un Visa dans leur pays d’accueil et ont été placées sur la liste des personnes recherchées par l’État russe.

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Chaque jour, de nouveaux activistes débarquent à Vilnius pour rejoindre les deux Pussy Riot, qui organisent une tournée de concert en Europe pour collecter de l’argent pour l’Ukraine. Elles se produiront à Berlin le 12 mai prochain.

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