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Plusieurs mesures peuvent être prises pour combattre l’infodémie.
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Dans une nouvelle analyse, l’OMS constate que l’infodémie et la désinformation influencent négativement les comportements en matière de santé

1 septembre 2022
Communiqué de presse
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Une nouvelle analyse de l’OMS montre qu’une interprétation incorrecte des informations relatives à la santé, plus fréquente en cas de flambée épidémique ou de catastrophe, influence souvent négativement la santé mentale des individus et augmente la réticence face aux vaccins, et peut retarder l’apport de soins de santé. 

Les auteurs concluent que les effets de l’infodémie et de la désinformation en ligne sur la santé peuvent être déjoués grâce à l’élaboration de politiques réglementaires, l'organisation et la promotion de campagnes de sensibilisation, de meilleurs supports d’informations relatives à la santé dans les mass médias et l’amélioration de la littératie numérique et de la littératie en santé.

L'examen systématique des études publiées a permis de trouver 31 analyses de fausses nouvelles, de la désinformation et de l'infodémie en rapport avec la santé. La désinformation était définie comme le fait de diffuser des informations fausses ou inexactes destinées à tromper, et inclut également la communication d’informations trompeuses ou biaisées, de récits ou de faits déformés et la propagande.

Les auteurs ont rassemblé, comparé et résumé ces bases factuelles afin de repérer les moyens de remédier aux effets néfastes sur la santé publique des fausses informations relatives à la santé.

Comprendre le rôle des médias sociaux dans la diffusion de la désinformation

« Twitter, Facebook, YouTube et Instagram sont essentiels à la propagation rapide et à grande échelle de l'information », explique-t-on dans l'analyse systématique. Les répercussions de la désinformation sur les médias sociaux englobent des effets négatifs tels qu’ « une intensification de l’interprétation erronée des connaissances scientifiques, une polarisation de l’opinion, l’escalade de la peur et de la panique ou un accès moins fréquent aux services de santé ». 

La propagation accrue de fausses informations dans le cadre d’une situation d’urgence sanitaire est accélérée par un accès facile à un contenu en ligne, en particulier sur les smartphones. « Pendant les crises telles que les flambées de maladies infectieuses ou les catastrophes, la surproduction de renseignements provenant de multiples sources, le degré de qualité de l’information et la vitesse à laquelle de nouvelles informations sont diffusées provoquent un impact social et sanitaire. »

Les auteurs constatent que les médias sociaux ont propagé des informations sanitaires de qualité médiocre pendant les pandémies, les crises humanitaires et les situations d’urgence sanitaire, à un rythme croissant. « Une telle propagation de données non fiables sur des thèmes de santé amplifie la réticence face à la vaccination et favorise les traitements expérimentaux », observent-ils. 

Combattre la désinformation en ligne 

Quatre études analysées dans le document se sont penchées sur la part de la désinformation relative à la santé sur les médias sociaux, et ont établi qu’elle concernait jusqu’à 51 % des posts en rapport avec les vaccins, jusqu’à 28,8 % des posts ayant trait à la COVID-19 et jusqu’à 60 % des posts relatifs aux pandémies. Il a été constaté que parmi les vidéos sur YouTube concernant les maladies infectieuses émergentes, 20 % à 30 % contenaient des informations inexactes ou trompeuses.

Les experts et les professionnels de la santé font partie des personnes les mieux placées pour désamorcer la désinformation et sont des utilisateurs directs de sources d’informations fondées sur des bases factuelles. Les contre-mesures sont notamment des campagnes de sensibilisation pour les patients et les professionnels des soins de santé, des plates-formes avec des informations fondées sur des bases factuelles, l’inclusion de preuves scientifiques dans le contenu relatif à la santé dans les mass médias, et les efforts visant à accroître la connaissance des médias et la littératie en santé.

« La promotion et la diffusion d'informations fiables sur la santé sont indispensables pour que les pouvoirs publics, les autorités de la santé, les chercheurs et les cliniciens puissent contrebalancer les informations fausses ou trompeuses diffusées sur les médias sociaux », affirme le document. Celui-ci souligne que les canaux des médias sociaux peuvent également être utilisés pour contrer les informations fausses ou trompeuses, mais que d’autres études pourraient être nécessaires pour évaluer quel serait le meilleur format de cette communication et déterminer quels canaux sont les plus appropriés pour les différents groupes de population, emplacements géographiques et contextes culturels.

Effets de la désinformation en ligne sur les comportements de la population en matière de santé 

Dans le cadre de cette analyse systématique, il a été observé que les individus éprouvaient de la détresse sur le plan mental, social, politique et/ou économique à cause d’informations trompeuses et fausses sur la santé, diffusées sur les médias sociaux pendant les pandémies, les situations d’urgence sanitaire et les crises humanitaires.

Toutefois, les médias sociaux n’ont pas eu que des effets négatifs pendant la pandémie de COVID-19. Huit études ont constaté des résultats positifs, et certaines ont montré que plusieurs plates-formes de médias sociaux amélioraient sensiblement les connaissances et induisaient une plus grande prise de conscience, un meilleur respect des recommandations et des comportements plus positifs en matière de santé chez les utilisateurs que les modes traditionnels de diffusion de l’information.

L’analyse globale reconnaît le rôle des médias sociaux pour la communication et la gestion de crise pendant les urgences sanitaires, mais relève la nécessité de contrer la désinformation sur ces plates-formes. Des efforts et des études supplémentaires sont nécessaires à l’échelle locale, nationale et internationale. 

« Les études futures devraient permettre d’analyser l’efficacité et la sécurité de mesures correctives et d’interventions par l’informatique contre la désinformation dans le domaine de la santé, et d’adapter des moyens de diffuser des informations sanitaires sur les plates-formes des médias sociaux sans déformation du message ».

La nouvelle analyse globale, intitulée « Infodemics and health misinformation: a systematic review of reviews » [Infodémie et désinformation dans le domaine de la santé : analyse systématique d’études] est publiée dans le Bulletin de l’Organisation mondiale de la santé.