Troisième gazette : Photographier le chemin

Chers Lecteurs, Chères Lectrices,

J’écoute maintenant le podcast de Papa, vous en conviendrez et je me base même sur ses sujets pour éviter que cette Gazette ne devienne mon journal intime, ou une séance chez le psy, j’utilise déjà les DST de Philosophie pour cela.

Le sujet du jour donc : marcher et prendre des photos, on ne pouvait pas mieux tomber pour me faire rêver. Alors que je ne marche plus, que je suis assis sur une chaise toute la journée, et le soir aussi, même le week-end, je commence à comprendre l’engouement autour du premier voyage fait à Saint-Jacques. C’était en fait votre moyen de voyager. Cela peut paraître idiot, mais je n’avais pas bien compris cela. Quand on travaille trop, on ne prend plus le temps de partir ailleurs, rencontrer des gens et de ne penser à rien si ce n’est ce qui nous rend heureux. Et comme c’est ce qui rend heureux Philippe, animateur de randonné, et bien cela m’a donné envie de marcher. Alors j’ai attrapé un jean, mes écouteurs et je suis sorti dehors en ce dimanche matin voir la vie qui émergeait à 9 heures. Avec elle, beaucoup d’images sont remontées, c’est tout le pouvoir de la balade, ou de la balado pour ceux qui l’écoutent assis. Cette discussion m’a d’abord fait penser à une musique, celle de Ben Mazué, sur la marche, « Faut que je marche parce que je comprends quand je marche, faut que je marche parce que je pense quand je marche, parce que je rêve quand je marche. » Il pose d’autres questions essentielles telles que :

« À quoi sert vraiment l’exigence, pourquoi on souhaite être excellent
Quand on voit dans quelle déshérence se retrouvent les génies, souvent ? »

Mais je vous conseille d’écouter la musique pour les entendre toutes, c’est comme une randonnée éprouvante, et plus il monte, plus il fatigue, plus il crie ce qui lui prend la tête. Quand on marche, on sent de plus en plus le poids du sac à dos imaginaire rempli de charges mentales car comme on a rien d’autre à faire, on y pense, on le sent ce sac, vraiment. Et donc on le vide peu à peu. L’organisation des vacances de cet été, que mangera-t-on cette semaine, le souci de ne plus faire de sport et pour ceux qui ont des enfants, je n’imagine pas… Et de fil en aiguille, le sac est entièrement vidé et on peut avancer. Cela me rappelle cette phrase des premiers épisodes, « Le poids du sac, c’est le poids de la peur », et bien, c’est la charge mentale du quotidien aussi.

Marcher, j’entends, mais prendre des photos en voilà une autre activité. On ne peut pas dire qu’on ne pense pas ou qu’on se décharge dans ce cas, au contraire, on pense même beaucoup pour trouver le beau qui se cache un peu partout et tenter de l’attraper. Cela m’a rappelé le livre que mon professeur de géographie m’avait prêté l’an dernier et qui, comme tous ces livres prêtés, sont gardés dans la bibliothèque bien trop longtemps. Sur la photographie de Susan Sontag, qui est un regroupement de 6 essais dont le thème est explicite. Je ne vais trop m’approfondir sur le sujet, car on va encore me reprocher de faire trop long (vous finirez par n’avoir plus que des politesses à ce rythme), mais ce que j’en retiens, c’est que photographier, c’est finalement faire soi un objet qui nous est extérieur. Tout comme écrire, c’est graver dans son jardin secret des moments, des souvenirs, qui ne disparaîtront plus. Photographier, c'est ne pas laisser au temps la chance de faire changer les choses sans que l’on ne s’en rappelle. Photos de famille, pour cette auditrice qui dit aimer s’occuper de ces enfants, elles nous rappellent les défunts si l’on pense au sujet de la dernière Gazette ou simplement à un bout du monde qui nous a plu ou choqué, pour Nicolas Frémiaut, l’invité principal de la balado. Photographier le chemin, c'est le rendre sien, ne pas le laisser défiler sous ses pieds. On sort peut-être un peu de la balade thérapeutique, mais on crée une bibliothèque de souvenirs conséquents. Je me demande quand même, en ce moment et après la lecture de Susan si on ne prend pas trop de photos. En 1977, déjà, elle parlait d'une avalanche d'images, mais alors aujourd'hui, c'est un tsunami. Nous sommes de plus en plus sur Terre et Internet démocratise le savoir et le partage d'informations en même temps qu'il le transforme en phénomène de masse, le choix de l'information devient donc capital pour ne pas être perdu là-dedans. Je suis d'ailleurs touché de savoir que vous lisez cette Gazette parmi les centaines de Newsletter qui se perdent et de lire vos compliments. Comme quoi, je n'écris pas simplement pour ajouter ma goutte au torrent déjà trop puissant, mais j'ouvre quelques fenêtres de réflexion.

Pour écouter la balado de la semaine, cela se passe sur le lien ci-dessous, et si vous avez des remarques, n’hésitez pas à répondre à ce mail, c’est toujours un plaisir de vous lire, la semaine dernière, la mort avait évoqué des réflexions qui m'ont fasciné. Vous vous êtes livrés quant à ce qui était arrivé à vos proches, le suicide maladif et vos réflexions à vous.

C'est ce qui me pousse à continuer de vous écrire, cet échange, même si je préfère, en toute honnêteté, vous prévenir que cette Gazette n'a pas l'espérance de vie de la Reine d'Angleterre et que l'euthanasie est une option qu'elle envisage. Le travail devient de plus en plus conséquent et je ne suis pas certain de pouvoir assurer son envoi chaque semaine, le format s’adaptera peut-être… Mais vous écrire me rend heureux, donc je continue coûte que coûte.

Je vous laisse sur la citation du propriétaire du bar qui m’a beaucoup fait rire, d’autant plus que je passais devant une église quand il l’a faite : « Que Dieu soit avec vous, car moi, je n’ai pas le temps aujourd’hui »

Bonne écoute,

Léonard Pauchon

Écoutez l'épisode de ce Mercredi
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