Le jour où une voiture trop large a une nouvelle fois grippé le mécanisme de l’ascenseur, il a fallu se rendre à l’évidence : le parking de la rue du Grenier-Saint-Lazare, dans le centre de Paris, et son monte-charge révolutionnaire censé ranger, seul, les voitures dans les cases en sous-sol, avait vécu. Le garage a vivoté encore quelques années avant de fermer en 2014.
Les projets les plus éclectiques ont alors été imaginés pour trouver une seconde vie à cette fosse de béton creusée au nord du centre Pompidou : un gymnase, une boîte de nuit, voire un « centre virtuel d’art visuel et sensoriel » desservi par deux toboggans de 18 mètres.
C’est finalement le « grenier » de la Sogaris, spécialiste de la logistique urbaine, qui devrait voir le jour en 2022 : 1 200 m² sur six niveaux réservés à des restaurateurs, artisans ou commerçants, qui pourront y remiser leurs parasols l’hiver et leurs invendus de fin de saison. Et, dans une cabine de verre en surface, « un concierge axé récup et recyclage » assurera le lien avec le quartier. La mue de ce parking s’inscrit dans un mouvement général de transformation, à mesure que la voiture déserte les métropoles. A Paris, Indigo et Effia, n° 1 et n° 2 du stationnement, ont enregistré une baisse de 30 % de la fréquentation horaire ces dernières années.
En 2018, une exposition au Pavillon de l’Arsenal révélait le potentiel immobilier des anciens « immeubles pour automobiles » en surface. Plutôt que les raser, pourquoi ne pas les convertir en logements, en bureaux ? Le foncier est rare et cher, l’équivalent de 4 tonnes de CO2 a déjà été dépensé par place, alors optimisons le bâti. Cette logique vaut désormais pour le souterrain. La lumière manque en sous-sol, les plafonds sont bas, mais des entreprises, notamment celles liées à l’approvisionnement des villes, s’accommodent de ces contraintes.
Test concluant
Ainsi, les habitants de Paris-centre savent-ils que le chou romanesco, les filets de cabillaud et le gorgonzola commandés sur Monmarche.fr, une filiale de l’enseigne Grand Frais, ont patienté dans des chambres froides installées au niveau − 1 d’un parking de l’île de la cité ? L’activité a été lancée en mars 2020, après six mois de travaux. Chaque jour, une trentaine de salariés préparent et livrent à vélo des paniers dans un rayon de 500 mètres. Le test est concluant. La rentabilité des m2 loués étant au moins égale à celle d’une place de stationnement, Indigo s’apprête à équiper cinquante sites dans toute la France en chambres froides, casiers pour artisans ou consignes Amazon.
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