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Penser pour panser les liens

lettre #juin 2022 - le jeu des possibles <img height="22" src="https://static.wixstatic.com/media/5e9922_6047ac2b0fe24f88bcf6fa54fdde792e.png_256" width="22"> 

«  Aimer un étranger comme soi-même implique en contrepartie de s’aimer soi-même comme un étranger »          Simone Weil in La Pesanteur et la Grâce. Tableau Cristina Damo Irimia 

 

 

Peinture Sarah Naqvi

Saigner ou ne pas saigner,

cela ne va jamais !

 

Congé pour règles douloureuses. C'est le nouveau droit pour les femmes qu'est en train d'introduire la législation espagnole avec  un chapitre sur la santé menstruelle. C'est-à-dire la possibilité de jours d'arrêt de travail, reconnus comme « incapacité temporaire » et couverts par la Sécurité sociale. Une première en Europe, mais qui existe déjà dans plusieurs pays asiatiques, comme le Japon ou la Corée du Sud.

Cette mesure permet d'ouvrir un débat et porte à la connaissance de nombreux chefs d'entreprise, une réalité qu'ils méconnaissent trop souvent.  

 

Les chiffres parlent : entre 20 à 50 % des femmes connaissent le syndrome prémenstruel (SPM, 1953, R. Greene et K. Dalton) et 5% présentent une forme sévère de l'humeur appelée "désordre dysphorique prémenstruel" (TDPM). Les troubles de l'humeur peuvent s'accentuer : dépression, anxiété mais également manque d'énergie, ou l'hypersensibilité émotionnelle. Après les premiers jours des règles, les symptômes s’estompent. De même, les troubles recouverts par le syndrome prémenstruel sont très fréquents. (1989, Spitzer, la chronologie du syndrome.)

 

Dans mon cabinet, je reçois nombre de femmes présentant ces symptômes à la fois physiques et psychiques invalidants qu'elles relient à leurs règles :  irritabilité, angoisse, mauvaise humeur ou déprime, céphalées, etc. Ces symptômes évoquent davantage la névrose d'angoisse, la dépression ou la maladie somatique proprement dite que les phénomènes de conversion chers à Freud.

 

L'idée d'une association entre troubles menstruels et troubles psychologiques est très ancienne. Platon déjà parlait de l'utérus qui ravage l'intérieur de la femme en causant des manifestations hystériques. 

De nombreuses facteurs culturels et des résistances psychologiques ont obéré l'étude de cette maladie aux contours encore méconnus, spécifiquement féminine.   On a longtemps parlé de "mal féminin", lié à la nature même de la femme, et dont l'"hystérie" serait la forme la plus complète.

 

De nos jours, le cerveau a été  reconnu comme le régulateur des cycles biologiques. Nous savons que les hormones sexuelles et la vie émotionnelle jouent un rôle très important dans le développement et la modulation des activités du cerveau. Cette compréhension permet d'établir des rapports entre le syndrome prémenstruel et les troubles affectifs et d'avancer l'hypothèse d'une dérégulation conjointe des systèmes biologiques, des réponses au stress, et de la vie émotionnelle de la femme.

 

Qu'elles en souffrent ou non, pendant environ quarante ans de leur vie, les femmes doivent taire qu’elles ont leurs règles. Ce n'est ni dit ni ne doit se voir. Combien de jeunes filles arrêtent le sport pour la honte qu'elles éprouvent si jamais du sang apparaît sur leur jogging ?

Dans certains pays, les filles et les femmes sont même mises de côté durant leurs menstruations. Sans parler des interdits religieux qui dans certaines cultures, considèrent l'activité sexuelle pendant les règles comme un tabou.

En bref, une période mensuelle soumise aux diktats moralisateurs et aux préjugés sexistes.

Voilà les femmes stigmatisées pendant presque quarante ans. Et le jour, où elles n’ont plus leurs règles, cela ne va pas vraiment mieux pour la majorité d'entre elles. Bref! Cela ne va jamais!

 

Les menstrues ont toujours, quelles que soient les civilisations, inquiété...les hommes. Pourtant, nous savons tous et toutes qu'il n'y a rien de   « sale » ni de dangereux dans le sang menstruel. 

La couleur du sang des règles est variable. Il peut être brun ou presque noir, puis virer au rouge pourpre. La teinte dite rouge sang est devenu un symbole  dans le combat féministe. Le sang représente la violence patriarcale dont sont victimes les femmes, mais également les menstrues, et donc leur puissance reproductive. Quand il est représenté, le sang menstruel symbolise à la fois la violence dont sont victimes les femmes et la force dont elles font preuve.

 

La loi espagnole à ce titre est un exemple à suivre car elle prend en considération la souffrance des femmes qui vivent cette épreuve, mois après mois. En parler est de plus en plus nécessaire. 

 

 
Cyclique
 

Sculpture Volodymyr Tsisaryk

L'énonciation clivée

 

 

 L’honneur et l’amour sont deux impulsions parallèles, qui se rejoignent dans ce qu’on appelle un «dilemme cornélien», en référence à la célèbre histoire d'amour de Chimène et Rodrigue. La pièce raconte un drame :  l’homme que Chimène aime a tué son père et elle, partagée entre son amour et l’honneur de son père, doit choisir entre les injonctions de Rodrigue qui la somme de le punir voire de le tuer et les tourments de son cœur :

Don Rodrigue : Punis-moi par vengeance, ou du moins par pitié.Ton malheureux amant aura bien moins de peineÀ mourir par ta main qu’à vivre avec ta haine. "Chimène : Va, je ne te hais point. 

Cette situation de cruel dilemne me fait penser à un cas clinique. celui d'une patiente qui tente d'échapper à deux angoisses contradictoires mais indissociables qui montent en elle : l’angoisse de se rapprocher de la partie de soi-même clivée dont on elle s’est débarrassée en l’expulsant dans l’objet, et celle de perdre cette partie à jamais en se séparant de ce même objet.

Nous rencontrons ici une dichotomie entre le principe du bien et celui du mal; le bien étant ce qui donne du plaisir et le mal ce qui procure du déplaisir.

L'énonciation clivée permet des visées pragmatiques mais divergentes : dire moins pour minimiser le sujet qui fâche, ou au contraire dire moins pour faire entendre plus.

Or, il arrive que cette divergence bien admise se dérobe sous des formes communes. Des énoncés comme « Vous n’ignorez pas que », ou « Vous n’êtes pas sans savoir que », se signalent par la négation du terme marqué qui affiche le caractère ambivalent de la double négation. 

Ce « va » est l’arme privilégiée de Chimène pour rejeter les multiples assauts de Rodrigue qui la « travaillle au corps ». 

C'est une façon d’éviter la fusion et l’angoisse de séparation par la mécanique du même. Puisque à un moment T, j'ai été cette personne, puis-je devenir autre sans me manquer à moi-même, sans être déloyale ? Cette modalité de défense opère devant le balancement trop éprouvant entre l’angoisse de réunion et l’angoisse de séparation.

En d’autres termes, le désir de fusion, n’est pas seulement le besoin du retour au sein primitif, mais l’obsession de reprendre en soi ce qui aurait été déchiré, clivé par le sevrage traumatique, de façon à refaire l’unité, l’identité du Moi.

Les traumatismes, les chocs dont cette patiente n’a pu amortir la force lui laissent un sentiment d’impuissance, d’infériorité, un manque d’estime d'elle-même : elle est toujours la seconde. 

Parfois, nous avons tendance à souhaiter être responsable des malheurs engendrés plutôt que de reconnaître que nous ne partageons pas la toute-puissance du personnage parental enfoui au fond de nous-même.

Je constate que le choc, même s’il vient de l’extérieur, provoque une excitation venue de l’intérieur ; le sujet se vit alors comme passif, cette passivité est redoutée, refusée et retournée en auto-accusation " je suis nulle ", pour masquer la honte de la dépendance à l’excitation.

 

Si les traumatismes dus à la séparation ont été très importants, la soif de réunion avec l’objet suscite non plus seulement de la culpabilité ni même de la honte mais surtout une angoisse très vive faite de la peur du rapprochement et de l’intrusion ainsi que de la frayeur de revivre un abandon. 

En effet, la rage de l’impuissance, la blessure d’avoir été délaissée induisent que par identification projective, on imagine alors que c’est l'autre qui vous rejette brutalement. Le sentiment d’abandon est parfois le résultat du rejet, de son propre rejet, comme si l’on préférait plutôt se sentir abandonné que « méchant » ou agressif. 

L’envie de réunion est le moment qui suit l’angoisse de séparation ; elle constitue, une force d’intégration tournée vers les objets internes idéalisés. 

L’angoisse de réunion est un signal d’alarme devant le rapprochement d’un objet lié au risque imminent de se trouver en des situations traumatiques, c’est-à-dire de raviver une profonde blessure née d’une séparation renouvelée, source de frustration, de détresse, d’humiliation, emplissant le moi de haine et de poussées destructrices envers cet objet. 

 

Un certain dégagement de l’emprise permet alors une renaissance de l’estime de soi, la honte apparaît, le lien peut être revitalisé.

 

 
2022-2023 : Le transfert selon Jung

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