Problèmes de pieds: pince migrée, talons fuyants

angle palmaire négatif

Un angle palmaire ou plantaire négatif, autrement appelé "Bullnose" lorsque cela touche les postérieurs est une pathologie couramment répandue. Elle génère des tensions muscullaires, des douleurs dorsales, des problèmes biomécaniques et peut induire des boiteries et des pathologies articulaires.

Pete Ramey a observé que P3 (la dernière phalange) devait avoir un angle de 3 à 8 degrés lorsque le cheval est au repos. Ainsi, en charge maximale, au galop ou à l’obstacle, les talons s’écartent et s’abaissent, permettant à P3 de descendre jusqu’à devenir parallèle au sol afin d’offrir le support maximal.  Si P3 est déjà parallèle au sol au repos, il viendra à un angle négatif lors de la charge maximale.

Voici 3 radios montrant les différences entre (de gauche à droite): un angle palmaire positif (sain), un angle palmaire parallèle au sol, un angle palmaire négatif.

Le pied ayant un angle palmaire parallèle ou négatif sera extérieurement un pied long avec des talons effondrés et fuyants.

Voici l’exemple d’un tel pied. Un pied long avec des talons fuyant est très courant mais cela relève d’une patholologie car le pied, naturellement n’aurait pas évolué ainsi. En effet, c’est au fur et à mesure de la pousse du pied que la pince migre.

Si l'on considère les structures associées directement à P3: plus l'angle de P3 réduira, plus les tensions subies par le tendon fléchisseur profond seront importantes et se répercuteront sur le naviculaire. C'est sans compter les désordres ostéopathiques induits.

EFFETS SUR LA POSTURE ET LA BIOMECANIQUE

 

Lorsque P3 est parallèle au sol ou avec un angle négatif, la posture au repos ainsi que la biomécanique du cheval en sont affectés. 

 

Si les postérieurs sont affectés, le cheval va se tenir sous lui de derrière. En mouvement la pince, trop longue, place le point de bascule du pied trop en avant et le cheval doit demander plus d'efforts à son arrière-main pour se propulser, les jarrets seront sollicités anormalement et prédisposant le cheval à des éparvins. L’ensemble des muscles de l’arrière-main et la région glutéale sont sous tension. Ces tensions se transmettent au dos. Cet inconfort peut engendrer des chevaux durs sur la main, réticents à travailler en épaule en dedans. Ils peuvent également se rebeller et boquer sévèrement.

 

En corrigeant le problème au niveau des pieds, les progrès au travail sont très rapides.

 

Si les antérieurs sont concernés, des douleurs dans la partie caudale du pied, peuvent contribuer à développer des postérieurs longs et fuyants.

En effet, le cheval, tenant ses antérieurs sous lui pour soulager la partie caudale de ses pieds, va induire une accélération du processus sur les postérieurs. Ces derniers tendront à s’allonger et les talons deviendront de plus en plus fuyants.

Une pince longue et des talons fuyants induiront de fortes pressions sur l’os naviculaire via le tendon fléchisseur profond (TFP). 

COMMENT SE PROBLEME SE DEVELOPPE-T-IL ?

 

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles le sabot peut se déformer ainsi:

 

Le fer ne permet pas de supporter les talons et de développer l’arrière du pied.

Par ailleurs, pendant la période du ferrage, la boite cornée continue à pousser en longueur et vers l’avant, car la boite cornée est construite comme un cône. Le fer étant cloué dans la partie dorsale du pied, il avance avec la pousse de la boite cornée, laissant de moins en moins de support aux talons. Il ne s’agit pas de juger le ferrage ou non, quelle que soit la qualité de ce dernier, cette évolution est inéluctable. 

 

L’autre raison est que, la nature a destiné l’ensemble du pied du cheval à supporter le poids de ce dernier, au centre du pied et pas seulement la paroi. Avec un fer, le poids ne sera porté que sur la paroi. En réalité, le squelette est suspendu par la paroi qui se maintient au pied via la laminae. Dans le cas de pieds fuyants, la paroi n’est pas assez solide pour soutenir tout le poids et les tubules s’incurvent. 

 

Le dernier point est la nécessité de râper à plat afin de pouvoir poser un fer. Les chevaux on naturellement une « arche interne » au niveau du pied. Si cela n’est pris en compte, les quartiers subiront d’autant plus de pression et s’évaseront en poussant la paroi vers l’avant selon un "effet dominos".

FERRAGE CORRECTIF

 

Il semblerait évident de simplement relever les talons avec des fers compensés. Mais cela n’éliminerait aucune des causes listées ci-dessus et rajouterait un problème supplémentaire. Travailler sur les talons en revient `atraiter le symptôme et non la cause qui est la pince migrée, trop longue.

 

Citation du maréchal Martin Deacon FWCF dans son livre “No Foot No Horse” sur l’usage de fers compensés :

 

“Sur le long terme, ils créent plus de problèmes parce qu’ils écrasent encore plus les tubules des talons. Cela provoque un cercle vicieux d’autant plus grand – les talons sont fuyants, les talonettes sont appliquées, qui écrasent les tubulent des talons, et provoquent un effondrement supplémentaire des talons. »

 

Citation des maréchaux Haydn Price et Rod Fisher de leur livre "Shoeing For Performance In The Sound And Lame Horse":

 

"C’était, et c’est parfois encore, une idée fausse d’imaginer corriger un pied long avec des talons faibles, par l’application de talonnettes ou plaques. Si l’argument était valable, en relevant les talons, l’ensemble de la jambe serait redressé et la hauteur des talons serait restaurée puisque le poids du cheval serait reporté sur la pince et serait allégé en talon. L’arrière du pied est peut-être relevé lorsque le cheval est au repos, mais en mouvement c'est l'effet inverse qui se produit. En ajoutant un insert sous les talons, la pression sur ces derniers est en fait augmentée. La compression des talons conduit à la destruction de la paroi et la contraction des talons."   

COMMENT CORRIGER LE PROBLEME

 

La complication réside dans l’atrophie du coussinet plantaire qui a été sous-utilisé. C’est pourquoi les inserts ne fonctionnent pas. Le soutien doit se faire de l’intérieur grâce au coussinet plantaire bien développé et non de l’extérieur.

 

Plus le coussinet plantaire est atrophié, plus l’angle palmaire sera faible. Le développement du coussinet plantaire permet de corriger la hauteur des talons.  

 

Un coussinet plantaire atrophié est la conséquence d’un manque de stimulation de la partie caudale du pied.  Ceci provient souvent d’un manque de mouvement, du ferrage qui prive la fourchette de sa fonction, de pourriture de la fourchette qui rend cette zone sensible et empêche le cheval de l’utiliser. Le coussinet plantaire ne s’améliorera qu’avec la stimulation, à condition que la fourchette soit en contact avec le sol. Sans fer, le pied fonctionne à nouveau, « talon en premier ».  Enlever les fers et mettre le cheval au pré ne conduit qu'à des progrès lents, voir inexistants. Il manque la simulation.

 

Boots ou pads, peuvent être utilisés pour rendre l’arrière du pied confortable, le stimuler et permettre au pied de fonctionner talon en premier. Le coussinet plantaire retrouve une stimulation adéquate. Il faudra aussi soigner les infections de la fourchette.

 

Aux postérieurs, le processus est plus simple car la façon dont la jambe se déplace, oblige le cheval à poser talons en premier. Enlever les fers et parer correctement permet d'obtenir des améliorations rapides.

Il FAUT SOIGNER LE CHEVAL DANS SON ENSEMBLE - PETIT EXEMPLE

 

Ce cheval de 15 ans avait développé 2 antérieurs pathologiques. L'un plus que l'autre compte tenu de blocages ostéo musculaires qui lui faisaient reporter son poids sur un antérieur plus que sur l'autre.

 

Il est inconcevable de pouvoir soigner un tel cheval et le "remettre droit dans son corps" par quelque méthode que ce soit, sans corriger simultanément le symptôme associé qui se situe au niveau des pieds. Soigner l'un sans l'autre reviendrait à ne faire que la moitié du travail et ne contribuerait qu'à une amélioration très partielle et limitée dans le temps. 

 

Sa propriétaire a donc décidé le déferrage. Voici l'évolution en 7 mois du pied le plus atteint:

Peut-on encore dire "le cheval est comme ça, on ne peut pas le changer" ou encore "il n'y a rien à faire?"

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