LA COURSE À PIED : UNE HISTOIRE DE GROUPE
(semi marathon d'Antony)
Ils partirent à 5 – ils arrivèrent à 5.
21 km et 100 mètres pour écrire une histoire collective où plutôt pour vivre une aventure humaine comme seul le sport sait en offrir.
Oui, depuis le temps que j’en parlais, ça devait bien arriver ! J’ai enfin franchit « la foulée » et réalisé ainsi mon premier semi. Certes, ma performance ne sera relaté dans aucun de ses livres regorgeant d’exploit tous plus fabuleux les uns que les autres, mais, le moment restera à jamais le nôtre !
Ce dimanche 25 mars, le temps est clément, la température douce et le soleil au rendez-vous. Nous arrivons place de l’hôtel de ville vers 13h30 pour supporter nos équipiers habituels qui en terminent avec le 5,5 km (Lucie, Salima, Marie-Laure, Laetitia, Dominique, Frédéric et claude).
C’était chez moi, à Antony, entouré de mes amis, de ma femme et de ma fille.
Ce jour-là, ’j’étais épaulé de quatre guides : Christian L dont le silence est bruyant, Christian M notre horloger suisse tant il ne fait qu’un avec le temps, Karim H l’un de « ces malades chroniques « que la science à renoncé a soigner et Franck H l’une de ses gouaille de coach à l’ancienne, il doit en exister un seul exemplaire au musée du barron de Coubertin.
Nous y sommes, le speaker lance le décompte appuyé par les spectateurs : « 5, 4, 3, 2, 1 » et nous voilà lancés comme des frelons.
Je suis tout de suite mis au parfum par le long faux plat montant de l'avenue du bois de verrière, les gens sur le bord de la route nous lancent des « bravo, super c’est bien ce que vous faites, courage ! ».
Devant moi, Karim est intenable et Franck se contente de propos ésotériques du genre « 9,3, 9,2, 9,7, 10,6), christian L me guide pour le premier run de 7 km et Christian M me couvre empêchant les coureurs dissipés de me croiser dans le dos.
Bientôt un grondement de motos annonce le passage du TGV « la tête de course », c’est un autre monde :
- dans le nôtre on se dépense un peu avant de mieux fêter le repos mérité ,
- dans le leur, ils s’entraînent pour gagner.
Soudain, je me souviens que c’est mon premier semi et que le stress de la déshydratation m’a fait boire trop d’eau avant la course, du moins ma vessie me le rappelle. Je dû négocier 14 km avec Franck pour qu’il m’accorde une pose juste avant d’attaquer la 3ème et dernière boucle.
Nous terminons le premier tour sous les encouragements de nos camarades qui ont fait le 5,5 km et qu’on est venu soutenir avant de nous élancer à notre tour.
Christian M prend le relais au début du 2eme run, jusqu’à la fameuse pose technique.
Puis, au tour de Karim de m’emmener depuis l’avenue Pajeaud au stade Georges Suant.
Là, Franck prend l’ultime relais, nous tournons à droite pour empreinter un bout de la coulée verte, au bout il y a le ravito puis, on tourne à gauche pour 3 km de plat avant la dernière bosse, celle qui fait mal, celle qui nous fait éprouver de la haine pour nos semblables, celles qui nous transforme en être méchant.
Je l’entend encore, il me dis des trucs du genre : « allé, t’écrase pas, si tu moli maintenant, on va finir en marchant, c’est maintenant que le travail paie, pousse avec le ventre, le gainage c’est maintenant », puis il repart dans sa folie, baragouinant dans une langue qui lui est propre : « 9,1, 8,8, 9,5).
Moi, j’essaie de penser à autre chose tant chaque impact me donne envie de m’allonger et d’attendre qu’on vienne me chercher. Je me dis que jamais je ne pourrais finir la dernière côte qui emmène à la ligne d’arrivée : d’habitude c’est 400 m, mais la c’est une montagne, une éternité.
Puis, je reviens à la vie, j’entends des spectateurs s’écrier : « allé les jaune, allé les pastis, l’apéro, l’apéro… ». C’est donc ça que suscite nos chasubles jaunes de courir-en-duo.
Je vois mon Karim se porter à ma hauteur, juste à ma gauche, il me secoue : « tu dévies à gauche, redresse la tête, courts avec tes deux jambes », cette fois, je suis en vrac.
Puis, quelques zigzag, les ultimes chicanes, la route se dresse, au loin j’entends la musique annonçant la fin, en ligne de mire, je perçois le grâle qu’on est venu chercher et pour lequel on a bravé pluie, vent et froid lors de nos entraînements.
Nous nous alignons tous les 5 côte à côte pour ne faire qu’un et c’est encadré de franck et de karim que je suis conduit comme un malade manquant de perdre l’équilibre au sublime.
Ils sont là, les copains du groupe, je prend ma fille dans mes bras pendant qu’un type muni d’une caméra me pose des questions auxquelles je tente de répondre par des phrases assez vagues.
Un dernier tour au ravito et direction la « casa » pour trinquer tous ensemble car notre groupe c’est avant tout ces moments d’amitié et de partage.
Merci à Christian L qui après m’avoir supporter pendant 10 ans sur un tandem doit me supporter au bout de la corde, merci à Karim qui non content de guider le samedi matin nous a permis de rejoindre les entraînements de l’US métro, merci à Franck de mettre à notre disposition son expérience de préparateur physique d’équipe de rugby et merci à Christian M le dernier arrivé mais un vieux briscard du marathon de nous accompagner dans ces aventures.
Entre les voies de la vanité et celle du misérabilisme, il y a celle de l’humanisme et ils en sont les témoins.