RECUERDO - La lettre                #20

Un "torchon" édité par une association de "distributeurs de tracts"...

Une semaine. Dans une semaine nous connaîtrons les affiches de la prochaine Madeleine. Nous avons donc une semaine pour nourrir notre imaginaire, rêver à des originalités, à des prises de risques, à des partis pris qui raviveraient notre foi en l'organisation montoise...

 

Photo - Marie SARA, son fils et le président de la commission taurine montoise - SudOuest.fr

Au gré des fuites, des déconvenues convenues et des déceptions répétées.

...malheureusement notre candide espoir est comme chaque année violemment anéanti par la triste réalité d'un monde taurin de plus en plus convenu !

A Mont de Marsan, comme ailleurs, rien de nouveau sous le soleil, ou si peu que c'est à se demander si le monde taurin n'est pas un univers exangue de toute forme d'originalité, interdit de toute velléité de renouvellement, étranglé par un conformisme universel et mortifère.

 

Toujours les mêmes toros

Au fil des fuites et autres bruits de couloir, la Madeleine 2017 se construit petit à petit autour de noms que le Plumaçon connait si bien qu'il en devient indisposé. JPD, Nuñez del Cuvillo, Cebada, La Quinta et Adolfo Martin. Même si les Adolfo réveillent, un peu, l'originalité en berne, Madeleine est une éternelle resucée des années passées, avalant chaque année un peu plus notre âme aficionada.

 

Côté torero on fait du neuf avec du vieux

Pas plus d'inspiration côté toreros. Ponce, Fandiño, Castella Roca Rey, Lamelas, Rafelillo reviendront à Mont de Marsan. Seule mince nouveauté pressentie, Emilio de Justo intègrera un cartel de la Madeleine.

 

Plus de forme que de fond

En guise d'originalité, un cartel 100% français, le un contre 6 de Ponce et cette

grande idée de mixer le week-end entre toriste et torerisme ont fuité. Lou gat é magre !

 

C'est pauvre...

Sur ces dix dernières années on a quand même de quoi s'interroger sur la monotonie de la programmation non seulement à Mont de Marsan mais aussi sur l'ensemble des arènes de premières catégorie. On répète encore et toujours les mêmes noms de toreros et de toros tout au long de la temporada et des temporadas. Vous avez aimé Ponce en 2008, très bien vous l'aurez chaque année jusqu'à l'indigestion. Vous avez pris votre pied avec les La Quinta et El Juli, très bien nous vous les reservirons dans 3 ans. Vous aimez le "torisme" très bien, vous aurez de l'Albaserrada-Santa Coloma, à croire qu'il n'y a que ça de "toriste", ou du Domecq-Nuñez de chez Cebada Gago, à moins qu'on vous réchauffe du Miura ! En substance ça n'est que binaire, cartésien, monomaniaque, convenue, décevant !

Le constat est accablant. Ceux qui décident dans ce monde taurin sont si peu inspirés qu'ils vident impunément au fil des temporadas la tauromachie de sa substance. Et ça c'est intolérable !

 

Enfin, il nous reste une semaine pour croire que ces fuites ne sont au mieux qu'un gros poisson d'avril, au pire des bruits de couloirs qui restent à confirmer...

Annonce des cartels Madeleine 2017, samedi 8 avril 12h au Plumaçon.

C'était un fervent garant et défenseur de la diversité culturelle. Il nous laisse, entre autre, une lettre à mettre entre les mains de tous les maires des villes taurines de France. Une réponse indiscutable à l'intolérance des "Zantis". A lire, diffuser et partager sans aucune modération...

 

Photo-Henri Emmanuelli dans le callejon des arènes du Plumaçon - 1992 - sudouest.fr

[...] A mettre sur le même plan la mort d’un animal et la mort d’un être humain, on en vient facilement à trouver aussi naturel de tuer un homme qu’un animal.

Monsieur le délégué(1),

 

J’ai pris connaissance de votre courrier en date du 12 septembre dernier, dans lequel vous exprimez le souhait de connaître ma position sur l’abolition de la corrida dont vous avez fait votre cheval de bataille. Je vous remercie au passage de solliciter, pour la première fois, le député des Landes mais aussi le président d’un des départements les plus taurins de France.

 

Vous n’êtes pas sans savoir qu’au plan juridique la question de l’abolition de la corrida a été tranchée par une décision du Conseil constitutionnel en date du 21 septembre 2012. Rejetant un recours que vous aviez intenté avec d’autres associations, la haute juridiction a notamment considéré que le critère de « tradition locale ininterrompue » inscrit dans le code pénal est « précis, objectif et rationnel ». Organiser des corridas dans certaines régions françaises, dont la nôtre, est donc parfaitement conforme à la constitution. Que vous regrettiez cette décision est une chose, mais, comme vous l’écrivez dans votre lettre, la règle de droit doit s’appliquer à tous et de la même manière. Dans ces conditions, je trouve pour le moins désolant, et même inquiétant d’un point de vue démocratique, que vous affirmiez sans vergogne : « Désormais, la corrida est génératrice de troubles à l’ordre public. » Ce qui est générateur de troubles à l’ordre public du point de vue du droit, c’est bien que votre association organise des manifestations sans déclaration et donc sans autorisation préalable de la ville où elles se déroulent et de la préfecture dont elles dépendent. Plus grave encore, c’est que vous ne teniez aucun compte d’un arrêté municipal réglementant une manifestation à Dax ; bref, que vous ignoriez l’état de droit et les principes républicains, dont vous vous réclamez par ailleurs dans votre courrier. Ce point est d’autant plus sensible que votre mouvement a reçu, dans un passé récent, le soutien de personnalités pour le moins contestables. Je pense précisément à Laurent Louis, ce député belge ouvertement xénophobe, ou bien encore à cette militante animaliste qui assistait à votre dernière assemblée générale et qui, il n’y a pas si longtemps, à Paris, s’affichait aux côtés de groupuscules extrémistes ayant tristement défrayé la chronique des faits divers.

 

Pour justifier votre « combat », vous faites référence à « une montée en puissance du nombre de personnes hostiles à la corrida », aux « nombreux électeurs préoccupés par le sort des animaux », à « la volonté populaire ». Je reconnais que, en matière de lobbying et d’actions sur le terrain, votre association fait preuve d’une organisation quasi-militaire et que vos manifestations sont très méthodiques, jusque dans le contournement de la loi ; mais on ne peut se prévaloir de quelques milliers de supporteurs sur les réseaux sociaux et d’une poignée de militants actifs sur le terrain pour conclure à la désapprobation d’une majorité de Français. S’agissant des électeurs, je puis vous assurer, pour les fréquenter tous les jours, qu’ils sont avant tout préoccupés par leur situation en temps de crise économique et sociale.

 

Cela dit, je n’éluderai pas les questions éthiques, et même, j’ose le mot, de morale, liées au spectacle taurin.

 

Je comprends la sensibilité des personnes qui ne veulent pas imaginer, et encore moins voir, un animal blessé et mourant dans une arène, mais, en retour, acceptez la sensibilité d’aficionados, qui ne voient pas la même chose qu’eux.

 

Aucun aficionado que je connais ne va aux arènes pour voir souffrir un animal. Il va aux arènes pour admirer. Admirer un taureau qui combat, admirer un homme qui a le courage d’affronter cet animal jusqu’à risquer sa vie.

ll y a toujours plusieurs façons de voir un spectacle.

 

Je pourrais vous raconter le spectacle de ces grands-pères qui, le dimanche dans mon canton de Chalosse, s’adonnent paisiblement au plaisir de la pêche à la ligne, sous le regard admiratif de leurs petits-enfants. Je pourrais aussi vous raconter quelque chose d’abominable : l’hameçon qui meurtrit la bouche du poisson et l’animal qui achève sa lente agonie en se débattant dans un seau jusqu’à l’asphyxie.

 

J’ai déjà eu l’occasion de le dire publiquement : je suis frappé de la montée en puissance d’une nouvelle forme d’ordre moral, qui consiste justement à vouloir imposer son point de vue et sa sensibilité à autrui par tous les moyens, y compris la violence comme à Rion-des-Landes.

 

Sans compter, puisque nous parlons d’éthique, que les mots ont un sens et une histoire parfois douloureuse. À parler de « torture », de « barbarie », ou bien encore de « sévices » à propos de la tauromachie, à mettre sur le même plan la mort d’un animal et la mort d’un être humain, on en vient facilement à trouver aussi naturel de tuer un homme qu’un animal. Cette négation du propre de l’homme et du processus d’hominisation nous ramènent aux pires tragédies de notre histoire.

 

Au final, je ne suis pas sûr que la cause animale ait beaucoup à y gagner, mais je suis certain que l’humanisme a beaucoup à y perdre.

Je vous prie de croire, monsieur le délégué, à l’assurance de ma considération distinguée.

 

 Henri Emmanuelli

(1) Délégué : Laurent Goulefer, délégué du CRAC Europe.

Lettre qu'Henri Emmanuelli avait écrite en réaction à une attaque du CRAC Europe contre la culture taurine dans le département des Landes (40)

Lettre rappelée par "Les Analectes de CamposyRuedos"

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