Les émotions, même douloureuses, finissent par passer» :

comment s'écouter sans se laisser déborder?

Rester à l'écoute de nos sensations, accueillir nos affects positifs ou négatifs sans pour autant les laisser déborder. Et si c'était le chemin vers une meilleure connaissance de soi. À l'heure où l'on s'accorde sur l'impératif de préserver la planète, l'époque penche aussi vers une écologie de nos émotions. Mais est-ce censé?

Cadence infernale, injonctions contradictoires, avenir incertain, nous évoluons dans un monde épuisant du point de vue des affects. Nous avons longtemps cru que nous pouvions tout maîtriser, à tort. À l'anxiété ou l'angoisse se rajoutent la colère, la panique, voire la violence. Face à ce grand huit émotionnel, un immense tiraillement nous étreint. Nous restons les héritiers de Descartes : nos sensations et notre corps continuent d'être oubliés au profit de la pensée pure. On considère nos émotions comme des ennemies alors qu'elles nous alertent sur ce qui ne va pas

Une fois identifié, ce trop-plein émotionnel impose de trouver des respirations, des pauses. C'est au moment où les êtres sont en crise qu'ils ont le plus besoin de se brasser génétiquement. Dans un système qui s'effondre, il faut s'aider, démultiplier les liens et diversifier ses ressources pour mieux surmonter les épreuves. Dans cette perspective, à quoi pourrait ressembler une écologie de l'être? Se rapprocher d'un écosystème où chaque émotion joue un rôle suffisamment précis : la tristesse quand il s'agit d'une séparation, le dégoût pour trancher et s'éloigner, la joie pour partager, la peur qui fait son travail aussi pour se protéger, la colère pour identifier les injustices.

Les émotions sont générées par la partie archaïque de notre cerveau. On peut progresser sur la manière de les absorber et de les digérer, par exemple, en se rappelant que les émotions, même douloureuses, finissent par passer, tel un train. On les sent monter en puissance, mais elles finissent par se dégonfler.

Un peu de douceur dans un monde de brutes, voilà bien une nécessité pour lutter contre l'adversité. Si l'entre-soi rassure, le collectif plus diversifié permet, lui, de grandir et de concevoir un avenir commun. Et cet avenir ne se concevra qu'avec le passage d'un système ultraperformant, mais qui épuise ses ressources et donc court à sa propre perte, à un système robuste, capable de durer tout en s'adaptant aux fluctuations. Le mot robuste est appelé à devenir joyeux.

Le meilleur antidote à l'angoisse est de se recentrer dans l'instant présent. La gratitude s'avère aussi utile. Mais nous concentrer sur le positif demande un effort, car nous sommes souvent écrasés par le biais du négatif. En être conscient est une première étape pour chérir, savourer, repérer ces émotions positives. Aussi accueillir les beautés de l'inattendu, une manière de sortir du contrôle permanent. Ne sacrifions pas cette chose importante qu'est vivre pour soi. Le bonheur individuel est aussi le chemin d'un bonheur collectif. Si je me sens bien, alors je peux faire des choses pour les autres.
 

Ci-joint l'article complet

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Patrick BOBICHON

Praticien de la psychothérapie Vittoz

Instructeur FOVEA

Coordinateur de l'étude scientifique FOVEA (IRDC)

Responsable de la formation d'Instructeurs FOVEA (IGF)

Pour Particuliers, Groupes et Organisations

En cabinet, sur site et par visio

Qui suis-je ?

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