Newsletter du mois de Mai

Hommage à François Maspero

Décès de François Maspero le 11 Avril  à l'âge de 83 ans. Je joins le lien de Télérama qui lui a rendu un bel hommage...hommage de Télérama à Maspero.

C'est l'occasion de vous conseiller un très beau livre de lui, le sourire du chat, qui ne se veut pas autobiographique mais qui l'est beaucoup quand même (!!!). Il vous touchera d'autant plus  que l'histoire se déroule en vallée de Chevreuse pendant la seconde guerre mondiale. Vous reconnaîtrez des lieux que nous connaissons tous. Pour les habitués de la ligne B, Maspero a également écrit un ouvrage, agrémenté de photos, les passagers du Roissy Express, sur le trajet que vous effectuez quotidiennement

 

credit photo@Telerama.

Ce livre, écrit en 1984, est un bijou.Le chat, c'est le diminutif qu'Antoine Maspero a donné a son petit frère François. Le chat a 13 ans 1/2 en 1944. Ses parents l'ont mis à l'abri dans la maison de famille en vallée de Chevreuse tandis qu'eux continuent à occuper leur appartement à Paris. Antoine s'engage dans la résistance armée. Après quelques visites en cachette à son petit frère, il disparaît. Les parents sont arrêtés, emprisonnés et déportés. Le chat se retrouve donc seul. Il est recueilli par une de ses tantes, conservatrice, qui attend la fin de la guerre avec sa famille dans un appartement parisien. Ces gens là, petits bourgeois, sont incapables de comprendre la détresse de leur neveu. Le chat malheureux déserte régulièrement cet univers étouffant et sillonne Paris. Il rencontre des résistants, des filles en vadrouille, des soldats, qui le protègent et lui permettent de survivre moralement. Un jour, le chat décide de partir à la recherche de son frère. Il sait juste qu'il s'est engagé dans l'Est de la France auprès des américains. C'est un livre poignant. François Maspero a su décrire la guerre et ses angoisses avec ses anciens yeux d'enfant. Il décrit la vie à la campagne (en vallée de chevreuse), l'occupation allemande, l'angoisse de l'attente, ses joies malgré tout. Pas de pathétisme dans ce livre. Juste de l'émotion, beaucoup d'émotion...

Gwen

Le roissy express c’est la ligne B du RER qui, de l’aeroport transporte les voyageurs jusqu'à Saint Remy les chevreuses, 38 gares, 50 kilomètres de rails plus loin. Donner une épaisseur à des images, des couleurs, des voix, des êtres, au-delà du chaos apparent des banlieues, déchiffrer cette géographie, retrouver l'histoire et lire le présent de ceux qui l'habitent, tel est le projet.Cités et grands ensembles, zones pavillonnaires, friches industrielles, jardins ouvriers, stades, tags, un passé de deux mille ans et quel avenir ? Un voyage comme doit être tout voyage : simplement, à la rencontre de la vie.Une lecture inspirante pour tous les migrateurs quotidiens.

Pierre

 

Ceux d'entre vous qui ont eu un coup de coeur pour "le sourire du chat" seront ravis de lire ce nouveau livre de François Maspero. Les maisons et la mer  sont omniprésentes dans ce roman très autobiographique. L'auteur se souvient de la grande demeure de ses grands-parents  proche d'un port du Nord dans laquelle il passait une partie de l'été avant la guerre. Il y a aussi la maison familiale de sa femme, insulaire bretonne. L'île n'est jamais citée mais on la devine, quelque part au sud de Lorient, avec sa citadelle. Ces maisons sont l'occasion de se souvenir de ses parents et de ce frère disparus trop tôt, de ce couple si beau, auquel il croyait et qui n'a pas résisté aux marées de la vie. Aucune aigreur, juste une douce nostalgie qui nous envoûte. Un livre écrit pour sa fille. On ne sait jamais quelle est la part d'autobiographie mais c'est sans importance. Maspero émeut . Sa sagesse, son calme sont apaisants. Les phrases sont comme les vaguelettes qu'on peut regarder pendant des heures s'échouer sur le sable sans jamais se lasser.

Gwen
 

Suite de la Newsletter avec les nouveautés...

 

 

 

Extrait de la préface

« Parler de la romancière Marie Chauvet c’est parler d’un seul livre, mais quel livre ! Son roman Amour, Colère et Folie est devenu avec le temps le grand roman des années noires de la dictature de Duvalier, communément appelé Papa Doc. L’histoire du livre est en elle-même une simple tragédie. Marie Chauvet vient de la bonne bourgeoisie de Port-au-Prince. Elle fait partie d’un groupe littéraire dans le vent, elle écrit, enfin elle mène une vie à la fois intellectuelle et mondaine sous une dictature déjà sanglante. Gallimard réunit en 1968 (l’année de toutes les subversions) trois de ses récits sous un titre général : Amour, Colère et Folie. Jusque-là tout va bien. Comme elle n’avait produit que quelques légers récits, personne dans son entourage ne semblait avoir pris la mesure du manuscrit qui s’est révélé être une déconstruction en règle de la dictature. Un texte crépitant d’intelligence, précis et violent. Le regard froid et objectif de Chauvet semblait n’épargner personne. On avait déjà vu cela dans le temps mais jamais de la part d’une femme. Enfin le grand roman qui expose les ficelles pourries de la dictature. La rumeur circule à Port-au-Prince que François Duvalier, après avoir lu le roman, est entré dans une folle fureur, ce qui mettrait l’auteur et sa famille en grand danger. Le mari de Chauvet rachète immédiatement de Gallimard tout le stock qu’il fait disparaître dans un ultime effort pour calmer le Moloch. […]
Voilà que quarante-six ans après qu’on l’a réduite au silence (l’horreur absolue pour un écrivain), la voix claire et pure de cette romancière lucide et indomptable refait surface. Une dernière chance pour entendre son chant. » Dany Laferrière

 

Un tryptique  qui décrit l'horreur du régime Duvalier .Il est écrit comme un morceau de musique qui se termine en apothéose.  Dans amour, trois soeurs vivent sous le même toit, dans la maison bourgeoise de leurs parents décédés. La peur est là, sous-jacente. Il y a les amis qui disparaissent, les cris insoutenables qui proviennent de la prison, les fréquentations obligatoires de certains hommes du régime sous peine de représailles. Dans Colère, les hommes en noirs sont omniprésents. Ils s'emparent des terres, des maisons sans aucun respect de la loi.D'ailleurs, il n'y a plus de loi hormis celle de la corruption. La jeune fille de ce second volet perdra son âme et son corps en essayant de sauver le domaine familiale. Dans folie, comme l'indique le titre de cette dernière partie, l'horreur est là. Des poètes se cachent dans une maison, terrorisés par les hommes en noir. A la nuit tombée, ils les entendent dans les rues qui fracassent les vitres, incendient pillent les maisons et tuent les habitants. Pour oublier, les intellectuels boivent. On ne sait plus si leur peur est fondée ou liée à l'alcool. En tout cas, la peur n'est plus sous-jacente, elle est là. Elle s'est transformée en terreur.

Un magnifique témoignage. En hommage posthume à l'auteur , décédée sans plus rien écrire après ce livre magnifique qui fut détruit pour protéger se proches, je vous conseille de le lire...

Victor Vemacha, traduit de l'hébreu par Laurence SendrowiczEd. Gallimard, coll. Du monde entier

Dans leur tendre enfance, Macha et Victor migrent en Israël avec leurs parents. Après quelques années heureuses pendant lesquelles ils sont élevés dans une ambiance baba cool, bercés au rythme de la guitare  de leur père et des chants de leur mère, ils deviennent orphelins suite à un terrible accident de la route.  Ils sont ballotés d'un pensionnat à l'autre avant de pouvoir habiter avec leur grand-mère Catherine qui est venue les rejoindre. Les petits enfants qu'elle connaissait ont grandi, elle ne les reconnaît plus. Macha se nourrit de sa colère, Victor joue l'enfant sage mais la souffrance les a rendus tous deux bien machiavéliques. Ils s'aiment et se détestent mais ils ne peuvent pas vivre l'un sans l'autre. Ils ne se construisent pas, ils s'autodétruisent. Complices, la douleur les rend méchants. On sent la tension monter. Catherine a bien du mal à apprendre à aimer ces deux adolescents qui sont devenus des inconnus. Macha souffre et empêche Victor de se construire à chaque fois qu'il le peut. Elle le veut pour elle. C'est l'escalade dans le chantage, la perversion. C'est un livre magnifique. Ces deux jeunes cherchent sans cesse à dépasser leurs limites, se mettent en danger. Ils sont horribles mais extrêmement touchants à la fois. On se laisse happer par ce livre que certaines critiques comparent aux Enfants terribles de Cocteau. Je suis une inconditionnelle de Alona Kimhi dont les personnages sont toujours "borderline". A lire d'elle

Suzanne la pleureuse

Lili la tigresse

Gwen

Une trouvaille, une perle écrite par Joseph Kessel. C'est l'histoire vraie de Felix Kersten, homme débonnaire et tranquille, masseur de renommé mondiale qui, au début du 20 ème siècle soignent les plus grands d'Europe (il est même connu à la cour en Angleterre). A la veille de la seconde guerre mondiale, Himmler qui souffre de terribles maux d'estomac chroniques fait appel à ses services. Même s'il n'est pas très politisé, Kersten hésite beaucoup mais comprend très vite qu'il n'a pas trop le choix. Très vite, il va se rendre compte qu'en soulageant Himmler, il va pouvoir influer sur certaines décisions. Quand la douleur cesse grâce aux doigts de Kersten, l'euphorie gagne le bourreau et le rend volubile. Kersten va très vite profiter de son statut pour sauver des milliers de vie humaine.

A lire absolument. Le destin incroyable d'un homme qui ne voulait qu'une vie ordinaire et paisible et qui s'est retrouvé au coeur de l'histoire de la seconde guerre mondiale.

 

Partager sur :

Partagez sur FacebookPartager sur X (Twitter)Partagez sur Pinterest

Check out my website  
Cet e-mail a été créé avec Wix.‌ En découvrir davantage