...pour déboucher sur une application stricto sensus de la méthode Hollande, dite du "changement immédiat mais différé", consistant à omettre de préciser la nature du changement et de laisser indéfini le repère temporel indispensable à l'ancrage de la valeur d'immédiateté. En conclusion, les deniers de Mado poursuivront leur chute encore et toujours, par tacite reconduction, dans les poches de Casas-Sara, accompagnés, à n'en pas douter d'une bonne part de sa dignité.
Néanmoins, un espoir nous est permis. Car aussi bon (ou mauvais) qu'il puisse être, le prestataire de service n'est rien moins qu'un intermédiaire se référant à un cahier des charges et répondant aux attentes de son client (est-il donc à ce point indispensable ?). Il appartient à ce même client de formuler ses desiderata de manière claire et affirmée, afin qu'ils soient au mieux satisfaits.
A Mont de Marsan, l'entité qui est en lien direct avec le prestataire (Casas-Sara) est la Commission Taurine Extra Municipale (CTEM). C'est elle qui dessine les contours de Madeleine. Les personnes qui la composent, sont, par le fait, les seuls garants des cartels montés, des toros embarqués, des toreros engagés, des orientations prises, des exigences édictées…. ainsi, à travers leurs compétences se jouent, année après année, l'identité, le sérieux, la respectabilité de notre arène.
En ces temps de visites au campo et autres tractations avec les apoderados, où les orientations prises au sein des CTEM préfigureront à n'en pas douter, l'avenir de la tauromachie, prenons le temps de nous porter au chevet de nos inquiétudes parfaitement explicitées par Marc LAVIE dans le n°1079 de la revue Semana Grande.
« […] Évoluer ou ne pas évoluer [...] sera le grand débat interne au mundillo. Plus que cruel, une grande partie du public trouve l'épisode des piques inutile. Il y a des corridas, et disons même des arènes, où le premier tiers a gardé toute sa valeur. Mais dans beaucoup d'autres, et notamment la majorité de celles diffusées à la télévision, elle n'est plus qu'un simulacre, où l'on voit un picador fictif lever le coude.
La corrida sans effusion de sang ? Mais on la pratique déjà en remplaçant bon nombre de novilladas ou de corridas par le spectacle bâtard des recortadores. Et en ayant fait de l'indulto le lot quotidien du triomphalisme. Les indultadors et les tenants des tauromachies parallèles auront alors bonne grâce d'aller un jour défendre la mise à mort du toro en piste... . [...]En regardant à la télévision la dernière corrida de México, j'avais parfois l'impression que Ponce toréait Ferdinand. L'émotion en était totalement absente, mais visiblement il y avait un public pour cela. Pour ma part, je m'abstiendrai d'aller aux arènes si la tauromachie doit se réduire à cela. Vouloir faire de la corrida un spectacle aimable me semble un non-sens. »
Aussi louable qu'il soit, l'objectif d'une CTEM de remplir les arènes n'en demeure pas moins suicidaire lorsqu'il se mue en dénaturation jusqu'à la perversion de la substance tauromachique. Il est, en cette époque d'uniformisation des cultures, en cette période de standardisation du spectacle et en ces heures de sacralisation de l'accessibilité à tous à la société de loisirs, vital de réaffirmer que l'objet taurin ne sera jamais un divertissement de masse !